Un petit retour aux sources (entre guillemets) puisque l'on revient après quelques temps à une œuvre de "Med-Fan" pure et dure ; une œuvre qui n'a de Fantasy que l'apparition d'un dragon et de quelques sortilèges assez timides. L’Épée Enchantée, réalisé en 1962, soit bien avant la plupart des créations de Fantasy que je considère comme mes favoris, et déjà une atmosphère féerique bienvenue si l'on écarte de ci de là quelques éléments qui, époque oblige il faut croire, réduit le tout à une aventure comique mettant en scène un chevalier et une princesse en détresse.
Nous suivons les aventures de George, un apprenti sorcier qui décide de laisser tomber la magie et prendre les armes pour aller sauver des griffes d'un vilain sorcier la fille du roi.
Pas plus de spoil !
Alors, certes, à lire le résumé, on dirait bien que ce film est un divertissement contant les périples du chevalier qui doit aller sauver la princesse, alors oui. Mais pas complétement non plus. Enfin si. Mais pas trop. Bref ! L’Épée enchantée, et fort à parier toutes les autres productions de la même époque s'intéressant à la Fantasy, avant l'avènement de l'Heroic Fantasy avec des personnages comme Conan, se focalise sur une adaptation libre (ou non) des œuvres médiévales où le brave chevalier affronte mille dangers pour secourir sa douce. D'aucun pourrait s'ennuyer de ne trouver cela original, et on ne pourrait lui donner tort étant donné que l'on ne cherche pas forcément à rendre le fond original, mais plutôt la forme. En effet, ce film n'est que peut original dans ses propos : c'est simple, c'est basique, l'intrigue se déroule comme on l'attend absolument tous et de ce fait, l'histoire, on la connaît presque tous. Le film va puiser son originalité dans les éléments qu'il met en place pour illustrer les aventures de George : un défi imposé par le sorcier - un certain nombre de fléaux - avant de pouvoir tenter de libérer la fille du roi. Et là où s'est intéressant, c'est qu'il n'y va pas seul puisqu'un autre seigneur désire sauver la princesse. De plus, en "présent" de la part de sa mère adoptive, il reçoit certes une monture et un équipement (piètre chevalier cela aurait fait sans ces derniers) mais aussi une troupe de six courageux chevaliers qui s'allieront à lui pour ses aventures. Des chevaliers, soit dit en passant, inspirés de divers personnalités médiévales et de divers pays (la France est, par ailleurs, représentée ; et je ne pourrais dire si c'est parce que je suis français que je me suis attaché à ce dernier, mais passons). Ainsi, l'intrigue n'est guère étonnante même si les idées des fléaux et le déroulement des aventures, qui propose quelques rebondissements, ne sont pas désagréables à découvrir.
Côté des personnages, la plupart, si ce n'est l’entièreté, des protagonistes et antagonistes sont intéressants. Néanmoins, ils ne sont pas tous à mettre au même niveau et c'est ce qui dénature un peu l'histoire. Pour ce qui est de George, de son rival et des six chevaliers qui les accompagnent, on ne peut plus "cliché" dès l'instant où ils respectent à la lettre l'archétype du personnage de conte qu'ils incarnent. On pourrait souligner que les différents chevaliers sont reconnaissables, certes par leurs tenues mais surtout par l'accent qu'il possède, étant bien appuyé suivant les endroits d'où il vient. De plus, il faut avouer, cela n'engrange rien de bien important vis-à-vis du ressenti global du film - ça fait sourire - que le français amoureux de toutes les femmes est sympathique à découvrir, collant à la peau des français l'étiquette du séducteur qui semble si bien nous aller. Parlons à présent de personnages plus discutables, à commencer par le grand antagonistes du film : Lodac. C'est un sorcier tout ce qui a de plus banal qui possède, cependant, un point faible (quelque part cliché) un peu décevant tant le charisme de l'acteur opère, nous faisant véritablement croire à un sorcier tout puissant. De plus, je dois avouer une certaine déception vis-à-vis de sa conclusion bien trop rapide et, par définition, décevante. Parlons également de la mère adoptive du jeune héros : Sybile. Il s'agit un peu du personnage drôle, du moins est-ce le ressenti que j'ai eu en visionnant le film. Dans l'esprit, ce n'est pas grave ni déroutant mais disons que de nombreux éléments, passant par son intermédiaire, perdent un peu de leur sérieux - quand bien même sa présence et ses gaffes sont bienvenues. Le fait également qu'elle serve de deus ex machina vis-à-vis de George ne passe pas inaperçu. Autrement, il n'y a rien à spécifier concernant les différents personnages, aucun n'agace plus qu'il ne divertit. Il en va de même pour les acteurs qui proposent des jeux tout à fait correct.
Pour les effets spéciaux à présent et c'est probablement le point le plus épineux. Dans l'ensemble, il est agréable - et drôle étant donné l'année "reculée" de production - de voir des effets spéciaux physiques, ce qui englobe les maquillages de monstres tout comme leur physionomie guère trompeur pour prendre l'exemple des serviteurs siamois de Sybile. Autrement, nous avons, bien évidemment, l'usage d'effets plus informatiques qui, si ils proposent des résultats satisfaisants pour 1962 ont un peu beaucoup vieilli. On remarquera pas mal d'arrêts sur image pour ajouter des effets lumineux sur cette dernière : ça coupe dans l'élan du film et on le remarque très aisément. Le jeu avec les objets magiques (tout est magique d'ailleurs dans ce film, à en écouter les personnages, ce qui fait sourire) qui ont également mal vieilli mais demeurent sympathiques. Cependant, il n'y a pas que du "ça se voit comme le nez au milieu du visage", il y a aussi des effets bien plus travaillés à l'image des échelles (pour matérialiser des ogres ou de très petits hommes, on utilise des acteurs filmés à des échelles différentes à l'image de ce qui s'est fait pour le film Willow) parfaitement réussie, du sang "physique" qui est bon à voir ou du dragon qui, si on voit bien qu'il n'a rien de vraisemblable, est de bonne facture pour un film de cette époque.
Dans l'ensemble, les effets spéciaux sont de bonnes qualités même si, avec notre recul, ils paraissent bien ridicules.
Pour les combats, ils n'y en a pas énormément. Hormis le combat final avec le dragon, qui ne dure pas - dommage, on préfère parler ou résoudre les énigmes du sorcier. Je profite, comme toujours, de cette partie pour parler des accessoires et des costumes. Si les costumes sont sympathiques malgré l'absence de véritables cottes-de-mailles remplacées par des gilets gris, force est de constater que les épées - enchantées ou non - ont un aspect jouet très reconnaissable et c'est quelque peu dommage.
Pour les décors et les lieux, on demeure sur quelque chose de basique mais d'appréciable et varié.
En ce qui concerne les musiques, elles sont sympathiques et à tonalité médiévales sans pour autant être transcendantes.
L’Épée enchantée demeure un film agréable à regarder avec son aventure qui ne transpire pas l'inventivité (ce qui est le point le plus noir que l'on peut lui reconnaître) mais qui demeure divertissant au possible. Il garde un charme que l'on ne retrouve plus que dans ces vieux films et, par moment, nous questionne sur comment on est capable, en 2020, de foirer des films de Fantasy alors que dans les années 60, ils n'avaient pas les moyens que l'on a maintenant. L'aventure bon enfant et l'humour léger en font un excellent film familial malgré quelques problèmes avec les effets spéciaux ou avec certains personnages. Néanmoins, je recommande, ne serait-ce pour avoir un aperçu large des productions de Fantasy au fil de l'histoire du cinéma.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !