Fort du succès d’Excalibur (John Boorman, 1981), qui restaura le prestige du genre heroic fantasy sur fond de geste arthurienne, Hollywood multiplia les projets tantôt réussis – The Beastmaster réalisé en Don Coscarelli l’année suivante – tantôt minables, souvent encadrées par le producteur Roger Corman – pensons au nanardesque Sorceress (Jack Hill, 1982) avec ses deux sœurs athlétiques que l’on découvre entièrement nues au bain, au médiocre Deathstalker (James Sbardellati, 1983), au risible Wizards of the Lost Kingdom (Héctor Olivera) ou encore à Amazons (Alex Sessa, 1986). The Sword and the Sorcerer se range parmi les premiers, offrant aux spectateurs un divertissement soigné que portent des effets spéciaux superbes et une mise en scène assez efficace : le montage assure la lisibilité de l’action, la photographie restaure bien l’atmosphère maléfique et surannée (kitsch !) de l’ensemble, proposant un travail de la lumière et des filtres de couleurs.
Surtout, le film se distingue de ses homologues par un second degré surprenant, multiplie les sous-entendus graveleux qui associent l’épée au phallus – sa taille constitue un objet de défi pour ces vaillants chevaliers ! – et la femme à une possession sexuelle qui joue de ses charmes et de la bêtise du masculin pour se tirer d’embarras. Le personnage du prince Talon anticipe le rocambolesque Madmartigan de Willow, sorti six ans plus tard. Manquent au long métrage d’Albert Pyun le dynamisme et la truculence de l’œuvre de Ron Howard et de George Lucas, auquel il se réfère d’ailleurs lors de la séquence dernière de duel : le scintillement des épées quand les lames viennent à s’entrechoquer dessinent des sabres laser tout droit sortis de Star Wars. Une production mineure, certes, mais une maille importante de l’heroic fantasy made in Hollywood des années 80.