L'era legale par Thelonious
Déjà, je voudrais préciser les conditions dans lesquelles j'ai vu ce film :
à Rome, avec ma coloc, on est allées par hasard au théâtre Valle, lieu occupé en protestation à la volonté de privatisation du lieu. Il se trouve que ce soir là, il y avait un film, et que c'était gratos. Nous avons donc assisté à la projection de L'era Legale sans savoir grand chose sur le film (croyant même que c'était un documentaire) et en faisant tout les efforts possibles pour comprendre sans sous titres (voire la napolitain selon les passages). Pas les conditions idéales pour apprécier toute la subtilité d'une réalisation, mais tout de même.
Toujours est il que je me suis régalée : enfin un film sur la mafia ou on rigole beaucoup, et ou une solution est avancée ! Parce que la mafia, dans l'imaginaire cinématographique, c'est soit des Parrains trop classes qui tuent des gens, soit l'univers glauquissime, noir et sans issue de la banlieue napolitaine. Là, grâce à un docu fiction sur l'ascension extraordinaire de N. Amore au pouvoir à Naples, le réalisateur nous propose de transformer la ville du chaos, de la crasse et de la criminalité en cité des énergies renouvelables, de la politesse, du civisme ... grâce à la légalisation des drogues, qui mettrait fin au narco trafic.
Selon moi, l'ironie est cependant omniprésente : la Naples du futur, envahie d'éoliennes, ou, comme le déplore un vieux napolitain, on ne peut même plus "partir sans payer a la pizzeria", semble un objet formaté, lisse, vidé de son âme.
D'ailleurs à Naples c'est ce que j'avais aimé : le bordel. Bien sûr, les ordures sont un problème qu'il faut régler, les incivilités (genre les graffs sur les églises ...) ne sont pas une chose positive, et la mafia, n'en parlons même pas. Après, régler les problèmes d'une ville, ça ne doit jamais signifier lifter son caractère ...