Le film de Gianni Amelio nous dévoile l'accablant voyage d'un ingénieur italien s'engageant
dans la sombre Chine industrialisée afin de réparer un haut fourneau vendu par son entreprise.
Le personnage principal de Vicenzo Buonavolontà, déterminé à faire le bien dans un monde qui ne semble guère s'en soucier, se démène dans sa quête de l'usine chinoise ayant racheté le haut fourneau afin de le réparer. Le personnage principal secondé par une interprète locale, fait ainsi montre d'un altruisme difficilement crédible, prenant sur son argent et son énergie, guidé par une volonté qui nous échappe.
Le réalisateur nous délivre une mise en scène simpliste, abusant des champs / contre-champs lors des échanges de paroles ou de regards, et de plans larges pour nous dévoiler le paysage lugubre et poussiéreux de la Chine industrielle. Cette découverte de la Chine par Vicenzo venu d'Italie apparaît comme le médiocre catalogue d'un pays où l'économie explose dans le contexte de la mondialisation, où les quartiers sont surpeuplés et où les enfants en trop sont cachés. Aussi les interprétations du couple d'acteurs composé de Sergio Castellito et de Ling Tai, bien que convaincantes, s'essoufflent dans des interactions successives de fuites et de rapprochements peu sensées. Cette esquisse maladroite s'étend alors sous les agissements d'un héros doté d'une psychologie dénuée de la moindre justesse.
Gianni Amelio semble s'attacher à la question d'une réparation intérieure accomplie dans le voyage ; comme ce fut le cas dans son précédent film Les Clefs de la Maison. Le personnage morose de Vicenzo déambule à l'écran dans ce film adapté du roman d'Ermano Rea. Il effectue son douloureux périple au service de la noble cause qui devient de plus en plus absurde au fil des tortueux trajets, jusqu'à ce que la fameuse pièce manquante finisse à la poubelle. Le héros taciturne peut tout de même repartir avec la conscience professionnelle soulagée. La détermination démesurée qu'il déploie durant le film nous laisse davantage croire à une fuite : un détour du réel qu'il répercute dans un combat que la norme n'estimerait pas tant louable. On pourrait alors imaginer un revers émotionnel le poussant à une telle aventure, mais si ce n'est un instant de chagrin sur un bateau on ne peut deviner l'ambition sous-jacente de cette quête effrénée. L'enjeu qui pouvait maintenir l'intérêt de ce personnage s'estompe avec notre empathie.
Au travers de cette peinture d'un personnage à la posture naïve dans un décor approximatif de la Chine populaire, le cinéaste semble vouloir dénoncer le gouffre entre certains hommes et leur société. Le cinéma d'Amelio nous restitue alors la représentation d'un être dépassé par le fonctionnement de ce monde – rencontrant moins de difficultés à évoluer dans un pays où il ne connait rien que pour réparer la fameuse et dangereuse machine, icône de la mondialisation. Délaissant la profondeur de ses personnages et la stabilité de son scénario, L'étoile imaginaire reste muet de la moindre émotion valable, incapable d'une révélation sincère de ses personnages, il devient manifeste d'une mauvaise volonté cinématographique indéniable.

Alain_Flegmme
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le 21 nov. 2019

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