Arrivé en France tardivement ( un an après la sortie US, quand même ) et muni d'un titre complètement cul-cul, L'étrange noël de Monsieur Jack demeure un paradoxe.
Car s'il arrive à redonner au Stop-Motion ses lettres de noblesses, l'année même ou Jurassic Park tend à l'enterrer définitivement, il reste, 18 ans après (1) le meilleur représentant de son espèce !
Et c'est pas faute d'avoir essayé.
De l'hybride James and the Giant Peach au génial Coraline du même réalisateur, en passant par le ratage en règle Corpse Bride du même producteur, on a aussi été gratifié du brillant Mary and Max et du turbulent Wallace & Gromit, sans oublier Chicken Run ( dont la diffusion chez UGC était précédée d'une pub pour KFC qui n'a pas manqué de faire hurler de rire... Mais je m'égare. )
Qu'est-ce qui fait que The Nightmare before Christmas demeure le meilleur film d'animation en Stop-Motion ? Que quand je l'ai montré à ma fille aujourd'hui elle n'a eu qu'une envie à la fin du générique, c'était de le revoir immédiatement ?
J'ai pas de réponse définitive, en vrai, il aurait tout à fait pu être battu par un successeur plus friqué et technologiquement avancé...
Mais son histoire originale, son sens du rythme et de l'équilibre entre peur et rires, et l'excellence de sa partition combinés font sa puissance... Et surtout, il rend l'expression " de 7 à 77 ans " complètement obsolète : lui il peut aller de 3 à 333 ans !
Maintenant, ce que moi j'aime chez Henry Selick c'est qu'il connaît bien les enfants, et sait bien ce qu'il peut se permettre. Il ne les prend pas pour des cons, et ne cherche pas à moraliser ni a expliquer les événements complexes qu'il intègre à une intrigue simple. Si dans Coraline , la figure du mal est clairement établie quand sonne l'heure du climax, dans Nightmare cette notion est bien plus profonde.
Jack, le héros de l'œuvre est loin d'être parfait, mais ses torts et errements sont tous mis en relief par le truchement de savants points de comparaison avec les autres personnages...
L'égoïsme de Jack va pousser les habitants d'Halloween à gâcher la nuit de Noël, mais il veut bien faire, apprend de ses erreurs et finit par connaître sa place. Non par déterminisme, mais par faculté d'émerveillement, et de création. Oogie Boogie, en revanche, agit par pure méchanceté, sans autre raison que de détruire égoïstement.
Autre personnage de référence, le Docteur Finkelstein, qui vit de la science sans aucune passion, là où Jack utilise la méthode en chantant !
A ce sujet, la créature de Finkelstein, Sally, échappe aussi au déterminisme que sa genèse aurait pu engendrer. Par amour pour Jack, elle se met en danger, et devient au final une véritable figure du bien...
Pour finir, Jack est pour moi un personnage meilleur que le Père Noël lui même, car en tant que représentant de son monde personnel, il ne refuse pas la différence, il ne trouve pas que les gens du monde de Noël dont des fous-à-lier. Il ne les prend pas de haut et ne cherche pas à les changer.
Alors je sais que mon analyse à froid ne répond aucunement à la question première, mais je tenais à partager mes vues sur le contenu du film ( et comme je l'ai vu deux fois de suite aujourd'hui, j'ai bien fait attention ! )
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(1) Si vous lisez ceci dans un lointain futur :
1 / Faites le calcul
2 / Faites pas chier.