Sans fioritures mais quand même un peu niaiseux

L’Évadé d’Alcatraz est une illustration de la seule évasion connue par cette prison de haute sécurité. Les trois hommes qui ont su s’en échapper pendant la nuit du 11 juin 1962 ont disparus à tout jamais, peut-être noyés dans la baie de San Francisco entourant ce pénitencier qui a notamment abrité Al Capone ou Machine Gun Kelly. Pour ce film Don Siegel (L’Invasion des profanateurs de sépultures) donne le rôle principal à Clint Eastwood, dont il est le mentor et qu’il a dirigé pour quatre autres films ayant fait sa réputation comme L’Inspecteur Harry. C’est le dernier succès du duo.


Tourné dans les décors naturels, ceux de la fameuse prison d’Alcatraz déjà fermée à l’époque, L’Évadé d’Alcatraz est un spectacle rigoureux et efficace, remarquable par son économie d’effets et de moyens. Le récit se concentre sur l’évasion fomentée par les trois prisonniers et planifiée en premier lieu par Frank Morris (Eastwood). Siegel ne s’embarrasse guère des motivations et des états d’âme, pas plus qu’il ne s’égare en fausses pistes. Il ne triche pas.


Cette sobriété et cette précision sont cependant entachées par une vision peu consistante. La neutralité du film confine à la pure absence, nuancée par un parti-pris en faveur des détenus, dont il montre la pénibilité des conditions de vie. Justement ces prisonniers ne sont pas crédibles, ils arrivent à nous comme des personnages vides et défilent sans se faire définir, sinon sous un angle manichéen ou comme outil mobilisé pour l’évasion.


Du point de vue offert, ils semblent tous bien braves, sympathiques ou inoffensifs. Pas de lamentations en leur faveur, mais un filtre doucereux. Au milieu s’érige la pureté de Eastwood, l’homme droit ne se laissant pas corrompre par le cynisme, répondant par un vigoureux poing dans le ventre au pédé offensif (déjà le dindon de la farce dans La sanction) ; finalement, plus simple et bon que les odieuses fripouilles l’encadrant (le directeur de la prison en particulier – ironiquement interprété par Patrick McGoohan, le héros de la série culte des 60s Le Prisonnier). Ce n’est pas le niveau de démagogie de Vol au-dessus d’un nid de coucou, ni une analyse aussi subtile du contexte carcéral, c’est juste de bons gars aussi pudiques que leur metteur en scène s’évadant pour ne pas moisir, au moins pas ici.


https://zogarok.wordpress.com/2015/02/24/levade-dalcatraz/

Zogarok

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