L'Exorciste, c'est tout simplement ma première grosse frayeur de jeune cinéphile : le visage hideux, défiguré de cette pauvre petite Regan (Linda Blair, effroyable) tournoyant sur lui-même, sortant des jurons à tout va, d'une voix grave et sordide restera, pour moi, l'une des images les plus terrifiantes et traumatisantes de l'histoire du cinéma. Un avis purement subjectif certes, mais L'Exorciste n'en reste pas mois une véritable réussite, n'ayant pris aucune ride. Le spectateur est saisi, étouffé dès les premières minutes par l'ambiance cauchemardesque de ce récit, et subit (avec la mère) les insanités et provocations innommables de cette garce de fillette devenue monstre : un supplice. L'Exorciste est également un exercice de style prodigieux, visuellement superbe, radical et d'un réalisme absolu mettant en scène le combat ultime du Bien contre le Mal. Une approche glaciale et ultra descriptive, confère à l'œuvre une atmosphère unique, où le spectateur ne peut que croire à ce qu'il voit et entend, malgré le traitement (notamment visuel) aberrant et grand-guignolesque dont il est question, surtout en dernière partie... Et c'est ici l'énorme coup de génie de William Friedkin (en plus de cet aspect documentaire saisissant) -adaptant, à l'écran, le roman de William Peter Blatty-, paradoxe incroyable entre une narration et une réalisation minimaliste, lente, réaliste et un visuel abject, extravagant : la confrontation Bien/Mal, ici encore, à son paroxysme... Bref, L'Exorciste est un chef d'œuvre absolu, intemporel, glaçant le sang comme aucun autre...