C'est franchement étrange de constater que cinquante ans après sa sortie L'Exorciste de William Friedkin semble rester un modèle sur lequel quasiment tous les films de possession et d'exorcisme viennent se calquer jusqu'à la caricature. Et ce n'est pas L'Exorciste du Vatican qui viendra contredire ce triste constat puisque le film de Julius Avery nous ressort les même poncifs doublé d'une absolution bien discutable de péchés de l’église catholique.
Le film s'inspire donc plus ou moins de la vie du Père Gabriele Amorth, exorciste en chef du Vatican et soldat du Pape contre les démons. Le prêtre se rend en Espagne afin d'examiner un enfant présentant des signes de possession au sein d'un lieu religieux au lourd passé.
Déformation du visage, tête qui tourne à 360°, langage ordurier, crucifix à la retourne , vieux briscard associé un jeune homme d'église inexpérimenté, message sur corps scarifié, lourd passé qui remonte à la surface, corps disloqués, personnages en lévitation toute la panoplie du petit Exorciste pour les nuls est bel et bien présent. Le problème c'est que depuis cinquante ans qu'on régurgite les mêmes ressorts certains finissent par franchement faire sourire plus qu'ils ne donnent la chair de poule. Allez savoir pourquoi lorsque Regan crachait que ta maman avait une activité buccale peu orthodoxe loin du paradis ça me glaçait le sang et là lorsque le jeune Henry veut baiser le prêtre, qu'il révèle que le jeune religieux sniffe des culottes ou qu'il malaxe les nichons de sa mère j'ai juste envie d'éclater de rire. Ce n'est pas tant que rien ne fonctionne mais tout a déjà que trop fonctionner auparavant et aujourd’hui ça grippe et coince et ça sombre assez vite dans le ridicule. C'est dommage parce que Russel Crowe fait le job et incarne un personnage à la fois habité, taquin et badass assez amusant même si encore une fois on frôle souvent le ridicule comme cette fabuleuse scène d'ouverture de puits avec la vespapamobile. On notera tout de même que Julius Avery offre un divertissement suffisamment soutenu pour ne pas ennuyer les spectateurs et qu'avec générosité mais mauvais goût il sombre limite dans le show pyrotechnique pour son grand final.
Mais le plus agaçant c'est peut être que le film par ailleurs assez couillon véhicule un message franchement douteux en nous expliquant que l'inquisition est le fait de démons qui avaient pris possession d'hommes d'église. A ce titre j'attends avec impatience la suite qui nous dira qu'il en est de même pour les croisades en espérant un troisième opus qui offrira l'absolution aux prêtres pédophiles. Avec un final qui nous annonce 199 lieux hantés à nettoyer et la constitution d'une équipe de choc à la Men In Black, nul doute que l'on devrait (malheureusement) revoir la team Amorth en action sillonnant le monde sur des vespas afin de délivrez la parole du christ et nous expliquer que les démons sont la source de tous les maux de la terre y compris les plus abjects faits commis au nom de la religion.
L'Exorciste du Vatican n'aurait pu être qu'un mauvais film un peu con mais rigolo, dommage que son message même secondaire et couillon le rende à ce point désagréable.