La renaissance, dirais-je même ! Après une première vague de succès dans les années 20, rapidement interdits par les communistes, c'est à Hong Kong que les "films de chevalerie chinoise" tentent de retrouver une seconde jeunesse dans les années 50. Renaissance difficile avec une succession de navets qui risquèrent bien de signer la mort définitive du genre...


Au début des années 60, c'est la Shaw Brother qui tente de convaincre le public avec des films qui s'inspirent largement des chambara japonais. Il faut toutefois attendre 1966 pour qu'un réalisateur peu connu, King Hu, livre son interprétation du genre. Et ce fut un énorme succès ! Doté d'une réalisation aux petits oignons, L'Hirondelle d'or abandonne le côté cheap des productions précédentes tout en se concentrant davantage sur les combats que par le passé. Pourtant, avec des yeux modernes, ces derniers peuvent sembler relativement insipides et aussi brefs que le CV de Nabila.


Et pour cause ! King Hu ne s'intéresse guère aux arts martiaux. Qu'est-ce qu'il fout au poste de réalisateur, alors ? me demanderez-vous bien légitimement. Hé bien, le bonhomme souhaite proposer un spectacle plus gracieux, inspiré par la peinture et l'opéra chinois. A ce titre, il offre le rôle principal à une ancienne danseuse, Cheng Pei-pei, qui ne se doute pas encore que ce film la propulsera au rang de star ! La demoiselle coule à travers les combats comme une eau calme. Les déplacements et l'attente, la tension, sont les éléments les plus importants des joutes. Les coups donnés, eux, ne sont pas crédibles pour deux sous, encore moins pour les regards cyniques d'aujourd'hui (non, lecteur, ne tente pas de nier ton cynisme !).


Si le film a atteint aujourd'hui le statut de culte, c'est plus pour le changement historique qu'il représente dans le cinéma HK que pour ses réelles qualités. Si les combats, comme je le disais, peuvent avoir un certain intérêt si on ne recherche pas la vraisemblance, le scénario est insipide, même pour un wu xia pian. Une histoire qui tient en quelques lignes et qui se permet pourtant parfois d'être embrouillée, il fallait le faire ! Au vu du contexte et de l'époque, les acteurs sont relativement bons (sauf paradoxalement Cheng Pei-pei, qui adore lancer des regards courroucés peu crédibles) mais ne parviennent pas à sauver des personnages pour le moins monolithiques, même si les deux rôles principaux ont une psychologie un peu plus consistante que le reste du casting.


Par moment un peu ennuyeux, L'Hirondelle d'or vaut toutefois le coup d’œil pour les passionnés de ce genre de cinéma, particulièrement pour son aspect esthétique qui offre quelques jolies scènes (la bagarre dans l'auberge, devenue un grand classique) et pour son coté technique qui augure les futures réussites du réalisateur. Quant aux amateurs qui recherchent juste un moment de divertissement un peu pêchu, passez votre chemin, vous ne feriez que bailler à vous décrocher la mâchoire. Et c'est très douloureux.

Amrit
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes I know kung-fu et Les meilleurs films de sabre chinois (Wu xia pian)

Créée

le 20 sept. 2017

Critique lue 368 fois

3 j'aime

2 commentaires

Amrit

Écrit par

Critique lue 368 fois

3
2

D'autres avis sur L'Hirondelle d'or

L'Hirondelle d'or
Docteur_Jivago
7

Have a Drink on me

Je ne savais guère à quoi m'attendre en me lançant dans L'Hirondelle d'Or, notamment réputé pour avoir renouvelé et donné un nouveau souffle au genre du Wu Xia Pian, mais force est de constater qu'il...

le 24 avr. 2017

24 j'aime

3

L'Hirondelle d'or
abscondita
7

La grâce d'une danseuse

L’Hirondelle d’or est bien connu pour avoir renouvelé le « wu xia pian ». Du point de vue de l’intrigue, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent, c’est creux. Pourtant je suis...

le 29 juil. 2022

9 j'aime

7

L'Hirondelle d'or
CeeSnipes
5

Trop désuet et largement dépassé.

Avant de réaliser des films comme Dragon Gate Inn ou A Touch of Zen, King Hu était déjà à la tête de quelques wu xia pian plus ou moins couronnés de succès. Come Drink With Me est son premier...

le 3 sept. 2015

6 j'aime

Du même critique

Lost : Les Disparus
Amrit
10

Elégie aux disparus

Lost est doublement une histoire de foi. Tout d'abord, il s'agit du sens même de la série: une pelletée de personnages aux caractères et aux buts très différents se retrouvent à affronter des...

le 9 août 2012

236 j'aime

78

Batman: The Dark Knight Returns
Amrit
9

Et tous comprirent qu'il était éternel...

1986. Encombré dans ses multivers incompréhensibles de l'Age de Bronze des comics, l'éditeur DC décide de relancer la chronologie de ses super-héros via un gigantesque reboot qui annonce l'ère...

le 3 juil. 2012

99 j'aime

20

The End of Evangelion
Amrit
8

Vanité des vanités...

Après la fin de la série, si intimiste et délicate, il nous fallait ça: un hurlement de pure folie. La symphonie s'est faite requiem, il est temps de dire adieu et de voir la pyramide d'Evangelion,...

le 21 juil. 2011

95 j'aime

5