C'est un film particulièrement difficile à noter. Je lui ai mis "5", bien que l'oeuvre ne soit pas dépourvue d'un certain charme. Les deux personnages principaux ne manquent pas d'attrait, et les comédiens les personnifiant sont d'excellents acteurs. Léa Seydoux est sans doute, actuellement, la jeune femme la plus troublante du cinéma français, elle a un charme fou. Et Gijs Naber, dont j'ignorais tout jusqu'à présent, brosse un commandant de navire tout à fait crédible, viril et lui aussi plein de charme.
Mais l'histoire est impossible. On ne comprend pas les motivations profondes de cette femme (Lizzy que joue Seydoux). On ne comprend pas ce personnage de Dedin joué par Louis Garrel. Il aurait fallu développer davantage le pourquoi de l'intérêt de Lizzy pour ce soi-disant écrivain. Le seul personnage qui tienne à peu près debout, qu'on arrive à comprendre c'est Jakob Störr que joue Gijs Naber. Seydoux est magnifique, mais encore une fois, on ne comprend rien à son personnage, on ne comprend pas ce que Ildiko Enyedi, la réalisatrice, cherche à faire d'elle, à nous dire à travers ce personnage. On finit donc par se lasser de ses caprices, provocations et tergiversations. On n'y croit plus, on ne se sent plus concerné.
Pourquoi maintenir alors "6", qui équivaut chez moi à "assez bon film" ? Parce que le film a, malgré tout, un certain charme général... provenant sûrement des deux acteurs principaux, de ce couple à la fois bien et mal assorti, mais aussi peut-être d'une certaine beauté des images, des décors, du climat général de cette bizarre romance. Et pour les rares éclairs qui parcourent le film : certaines scènes (sous-)marines sont belles ou bien rendues, notamment celles montrant ce qui se passe sur le cargo en début de film (par exemple, une scène où les marins à moitié nus s'aspergent les uns les autres au jet d'eau), mais c'est quoi ? Dix minutes sur cent-soixante-dix ! En revanche, certaines scènes de sexe entre Lizzy et Jakob, celles de pur "ramonage" (pardon pour la crudité du terme), sont bien trop insistantes et d'un voyeurisme gênant.
Il y a donc, dans L'Histoire de ma femme, certains ingrédients d'un bon film, mais ça n'en est pas un. La faute au scénario (on ne comprend pas où il veut en venir, ce qu'il cherche à nous dire), la faute, bien sûr, à la réalisatrice qui nous brosse le portrait d'un personnage féminin tellement déroutant (et dont l'impulsivité, parfois, frise la sottise ou la folie) que finalement on s'en agace et s'en désintéresse.
Bref, film plutôt raté qui vaudrait tout juste la moyenne, n'étaient le choix et le jeu des deux comédiens principaux. Ils parviennent à lui insuffler quand même un certain charme romantique et le sauvent ainsi d'un franc naufrage.