On l'oublie trop souvent, la Bible, et en particulier l'Ancien Testament, n'est pas qu'une affaire d'hommes. Loin de là. Dans une religion qui se transmet par les femmes, il faudrait beau voir que seuls les hommes soient mis à l'honneur.
Il y a cependant assez peu de figures féminines survivant à une écriture masculine des premiers temps du judaïsme.
Ruth fait partie de ces femmes au rôle et au destin important.
En effet Ruth, originaire de Moab (en Jordanie aujourd'hui), sera l'arrière-arrière-grand-mère du Roi David, lui même père de Salomon et ancêtre lointain de Jésus lui même.
Le livre de la Bible qui raconte son histoire porte d'ailleurs son nom à elle et pas celui de son époux Boaz. Une seule autre figure féminine a cet honneur, si je ne m'abuse, il s'agit d'Esther au destin hors du commun. Le destin de Ruth est plus simple cependant, elle ne sera pas reine, elle sera une simple femme de Bethlehem. Mais elle n'en a pas moins d'importance.
Le film en question, bien que prenant des libertés avec le récit afin de le rendre un peu plus trépidant que l'histoire racontée dans la Bible, garde cependant l'essentiel de l'histoire de Ruth : une histoire de conversion, de tolérance et d'accueil.
En effet, Ruth est ici présentée comme une prêtresse du dieu Moabite Kemosh, dieu charmant qui "réclamait" des sacrifices d'enfants pour protéger le pays.
Elevée pour être sacrifiée, Ruth, qui a été vendue par ses parents, est épargnée car, semble-t-il, Dieu veille déjà sur elle et provoque son rejet en tant que sacrifice (on peut alors penser qu'une autre petite fille va se faire trucider et que c'est très injuste. Je le pense, mais l'Ancien Testament est plein de récits cruels et souvent injustes).
A l'âge adulte, elle va rencontrer un bel artisan hébreu et découvrir grâce à lui une religion qui prône l'amour, la paix, refuse l'esclavage et surtout les sacrifices humains.
Convaincue, et après quelques péripéties, elle arrivera veuve en Judée avec sa belle-mère. Ses aventures ne font alors que commencer lorsqu'elle est convoitée par 2 hommes de la famille de son défunt mari et qu'elle est fort mal accueillie par les femmes du village.
"L'histoire de Ruth" est construit de façon très linéaire et suit pas à pas l'évolution de son héroïne. Elle est véritablement au centre du film comme au centre de l'image et les hommes restent en second plan. Ils ne sont finalement que des instruments de son destin.
Le second personnage important est la belle-mère de Ruth, Naomie. Voilà un très beau personnage plein de caractère et de force mais dont il émane une grande douceur. Il est interprété magnifiquement par Peggy Wood, plus connue pour son rôle de Mère Supérieure dans "La Mélodie du Bonheur".
La belle Ruth est interprétée par la charmante Elana Eden, dont c'est le premier rôle à l'écran mais qui était une comédienne de théâtre chevronnée en Israel. Elle fait preuve de beaucoup de retenue et d'intériorité, contrastant avec les personnages flamboyants d'autres film de ce genre.
Malheureusement, les décors sont assez pauvres et font vraiment trop filmés en studio, mais c'est le lot de cette époque et les choix de casting ne sont pas toujours heureux avec, en premier, le pauvre Stuart Whitman, peu à l'aise dans les habits traditionnels hébreux de Boaz. Il a vraiment l'air d'un cow boy perdu en Judée. Son interprétation de Boaz, au caractère emporté mais au grand coeur n'en souffre pas mais il semble mal à l'aise.
L'histoire de Ruth est un film biblique assez méconnu mais qui vaut tout de même qu'on s'y intéresse.