Du plaisir avant le business ?

Rappeur, producteur, acteur et fan des films d’arts martiaux, RZA se lance à la réalisation de sa première production en tant que réalisateur. Personnellement, je ne connaissais pas cet artiste et je ne savais pas trop quoi m’attendre de cette production qui a l’air de bien déchirer en jetant un simple coup d’œil sur l'affiche. J’étais simplement assez curieux de le voir, uniquement que sa magnifique et inconstatable réunion de stars réputés internationalement. C’était justement cette pléiade d’acteurs qui m’avait vraiment motivé à visionner cette production, en ayant connaissance que cette œuvre allait rendre hommage à la fois aux films d’arts martiaux et également aux longs-métrages bourrés de combat au sabre. Comme je me lasse rarement de ces divertissements plus ou moins réussis, j’étais pratiquement sûr que j’allais passer un moment très distrayant, surtout que je tenais à savoir comment on pouvait apporter du neuf et de la puissance dans cette production reprenant tous les principes d’un film du cinéma asiatique, avec la technologie du cinéma de nos jours.

Sans le savoir, j’ignorais que c’était la première réalisation pour l’artiste RZA pendant le visionnage. Et dès les premières scènes de la réalisation, on sent qu’il y a un manque d’expérience, d’inspiration et de maîtrise technique pour gérer un tel potentiel. RZA a beau avoir joué de multiples rôles dans sa longue carrière mais ce n’est pas pourtant qu’on devient un réalisateur compétent, et encore moins un scénariste talentueux. Et là, c’est un grand malheur. La production est lamentablement gâchée par un débutant qui ne sait pas construire un film correctement, et encore moins contrôler un rythme qui nous tient en haleine. Sans cesse, chaque situation s’enchaîne de manière incohérente et bizarre, la mise en scène est particulièrement maladroite et molle pour perdre de l’intérêt de visionner cette production maintes fois pendant le visionnage. D’autant que le scénario ne nous encourage pas à poursuivre notre lecture car il est dépourvu d’originalité, d’intelligence et de sérieux.

RZA n’avait pas l’air de savoir ce qu’il faisait, même les scènes de combat sont loin d’être aussi honorables que la plupart que celles des vrais films d’arts martiaux. Filmé trop près, des plans se défilant à la vitesse grand V, des vues inutiles, c’est à se demander si RZA ne pouvait pas côtoyer ou observer le travail des réalisateurs habitués à ce genre de production avant de se lancer dans un tel projet. Surtout qu’il avait à sa disposition un casting extraordinaire et magnétique, composé de grands acteurs comme Russell Crowe, Lucy Liu, Dave Bautista, Rick Yune ou Jamie Chung. Bien que ces derniers campent avec brio leurs personnages de tueurs pernicieux, on peut regretter une aberrante gestion des stars car eux aussi semblent ne pas savoir ce qu’ils font, tout comme le réalisateur en produisant sa réalisation. Je note quelques points qui m’ont bien chagriné comme Russell Crowe qui passe plus de temps à se faire câliner par des prostituées qu’à user de son super couteau ou Lucy Liu qui fait plus de la figuration qu’à casser la gueule de vilains voyous.

Je dois dire que ça me dépasse de voir une telle possibilité de faire quelque chose d’étourdissant si c’est pour se contenter de faire agir tout le monde pendant les 15 dernières minutes de la réalisation. Sans compter les effets spéciaux qui ne sont pas très réussis dans l’ensemble, on est plus dans de la qualité de films de série B. On peut à la limite trouver un certain divertissement dans la plupart des scènes mouvementées, en particulier quand Rick Yune est au centre de l’action. Lui au moins, il est bien intégré dans le scénario et ses capacités au combat sont bien exploitées pour enrichir la réalisation d’une dose d’activité distrayante. On peut également noter un respect bien travaillé sur l’environnement asiatique, que ce soient les décors, les costumes ou les objets. Comme c’est dommage de se retrouver devant une œuvre si méritoire à voir et si décevant au niveau de la qualité de sa réalisation. Un réalisateur plus expérimenté aurait sans doute fait un meilleur travail que cet inconscient RZA qui pouvait se permettre de se lancer dans un si grand projet visuel, sans avoir les bases professionnelles requises. 5/10

Le pouvoir n’appartient à personne le jour où on le prend en utilisant le sexe et la violence !