Réconciliation de Deux Frances à Travers l'Art ?

Ce film, construit autour de quelques éléments clés, met en scène Raphael Thierry, un acteur à la carrure imposante et brute, presque animale, qui sous sa carapace révèle une surprenante douceur et retenue. Trois scènes marquantes rythment le film - au milieu, vers la fin et l'image finale - dressant le portrait de la confrontation entre deux univers : le monde rural, provincial, paysan français, et celui, citadin, bobo, artistiquement moderne et décadent.L'histoire narre la romance printanière entre un campagnard quinquagénaire et une artiste bobo. Dès le début, le personnage de Raphael Thierry est mis en lumière par la réalisatrice avec une affection presque palpable, capturant chaque détail de son être. Pourtant, en tant que spectateur issu de cette même campagne, ce personnage me semble trop familier, presque cliché. Sa cohabitation avec sa mère, un personnage plus authentique et naturel, est plus convaincante.Le film semble adopter un regard extérieur, presque parisien, sur cette campagne, notamment dans une scène où le personnage de Thierry s'adonne à la chasse aux taupes. L'arrivée d'Emmanuelle Bercot ralentit le rythme, déjà languissant, avec peu de dialogues et une attention excessive sur Thierry. Le décor du château/manoir et certains choix de mise en scène m'apparaissent trop stéréotypés, manquant de cœur et d'émotion.


Bref, le film atteint un moment pivot, au milieu, qui sert de réveil soudain. À ce point, nous nous raccrochons à l'intrigue et commençons à saisir le sens du titre du film (que je ne divulguerai pas ici). On se dit alors que notre patience pourrait finalement être récompensée. Cependant, le personnage de Raphael Thierry m'inspire une certaine tristesse. Il m'apparaît comme l'image d'un homme faible, un reflet de ces agriculteurs luttant pour se faire entendre, presque un enfant fragile. Dans le film, Thierry, sous l'emprise d'une pseudo-artiste bobo parisienne interprétée par Emmanuel Devos, semble être un jouet pour son art. Bien que le personnage de Devos soit finalement convaincant en tant qu'artiste, il y a une mise en abîme intrigante : Raphael Thierry, l'acteur, semble lui aussi être manipulé par la réalisatrice, comme si elle jouait avec lui. (Et en regardant de près je m'aperçois que Anais tellene la réalisatrice, fille de Karl zero et du milieu parisien correspond a ce stereotype Bobo artiste qui ne connait rien de cette france rurale.) Il existe un parallèle, peut-être inconscient, dans la production de ce film. Si la réalisatrice lit cette critique, je serais curieux de savoir si elle était consciente de cette dimension. L'histoire dépeint un homme à l'apparence physique forte, rappelant un homme des cavernes puissant, mais qui est en réalité doux et sensible. Cette réalité de l'acteur, avec son physique imposant et ce bandeau à l'œil, souligne son rôle de marionnette manipulée par une jeune artiste citadine. Concernant l'esthétique, je donnerais une bonne note à l'image ; elle semble filmée en pellicule 16mm, bien que j'aie eu des doutes par moments.

Quant à la mise en scène, certains aspects me semblent trop conventionnels pour mon goût, limitant le film à un petit cercle du cinéma d'auteur français peu susceptible de s'exporter ou d'être réellement rentable passe un public niche. Néanmoins, la fin et l'image finale offrent un concept cinématographique marquant et cinematique. Dommage seulement que le chemin pour y parvenir ait semblé si laborieux.

Warrend
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le 29 janv. 2024

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