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Alors que l’étranger apparaît au loin dans un mirage, et chevauche silencieusement, à la vue de tous , dans la rue d’une ville que l’on pourrait croire fantôme tant ses habitants ne sont que des silhouettes inertes, passives, il faudra le claquement d’un fouet sur un attelage pour rompre le statisme. En cinq minutes muettes, Clint Eastwood a posé son ambiance, son personnage, et ses enjeux. Tout le reste ne sera qu’un découlement logique de ce que l’on vient de nous imprégner.


Trois phrases, trois coups de feu, trois morts. Un viol passé sous silence. L’étranger n’est pas un sauveur, mais un esprit surnaturel venu faire payer à Lago son passé tabou. Lago, au bord d’un lac, l’inerte indolence d’une population qui suinte dans le nom même du théâtre spectral. “We are god fearing people” lui assène-t-on comme pitoyable excuse pour la teneur pleutre, xénophobe et hypocrite d’une bande de cancrelas qui mange dans la main de qui veut bien la tendre, pour mieux la mordre une fois vide.


Le film de vengeance vire au fantastique alors que Lago devient les Enfers. Pis que la haine, c’est le mépris qui fait voir rouge à l’étranger, devenu fantôme du Talion. Pas même ne donnera-t-il la satisfaction de la compréhension à ses victimes, celles directes comme celles qu’il a mises devant le résultat de leur veulerie. La musique et le mixage son vont en ce sens, celui d’une horreur lancinante, une fureur qui ne s’éteindra que lorsque l’étranger aura accompli sa tâche, disparaissant comme il est apparu, un mirage.


Pour sa deuxième réalisation, Eastwood propose la partie ténébreuse du cavalier mystérieux qu’il revisite plus légèrement dans Pale Rider. Et comme dans tout le reste de sa filmographie, c’est bien le mythe, sous toutes ses coutures, qui l’obsède. Le bâtir ou le déconstruire, le glamouriser ou le vilifier, le porter aux nues ou montrer son danger. High Plains Drifter se pose comme l'œuvre séminale d’une carrière de cinéaste au long cours.

Créée

le 2 oct. 2024

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Frakkazak

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