L'Homme pressé est un film d'Édouard Molinaro sorti en 1977. On est bien loin du registre comique propre au réalisateur, comme on a pu le voir auparavant dans Hibernatus et dans le magistral L'Enmerdeur. On suit la vie turbulente d'un collectionneur parisien qui, obsédé depuis vingt ans par un vase d'un montant faramineux, néglige sa vie personnelle ainsi que sa santé. On y retrouve d'excellents seconds rôles, la coutume de l'époque avec le très bon Michel Duchaussoy en secrétaire et conseiller de Delon, un habitué des Chabrol trop sous-estimé, Christian Barbier dit Le Bison de L'Armée des Ombres qui ici endosse le rôle de l'ami médecin et précautionneux, Delon retrouve aussi Billy Kearns après leur face-à-face dans Plein Soleil, cette fois-ci, ils remettent les couverts aux enchères.
Un film bien étrange que L'Homme pressé où l'on pourrait faire un parallèle troublant entre la vie très remuante de ce collectionneur hyperactif : Pierre Nioxe et de son interprète Alain Delon. Beaucoup de points en commun constatés. À commencer par leurs traits de caractère compulsif et égocentrique. L'égoïsme entre parfaitement en vigueur lorsqu'il s'agit d'évoquer cet homme pressé, éternel insatisfait, blessant tout son entourage dès qu'il souhaite obtenir quelque chose de nouveau au point de négliger sa santé physique.
C'est bien la vie de Delon retranscrite à l'écran, enfin le ménage Delon/Darc, le Guépard et la Sauterelle. Mireille Darc ne résiste pas bien longtemps au charme de son compagnon de l'époque. Un point essentiel du film, c'est la volonté de faire accélérer la naissance de leur enfant à l'image de la personnalité de cet acquéreur compulsif et toujours pressé aux antipodes de la patience, assez lunaire comme volonté, il faut bien l'admettre, ce genre de méthodes ne s'applique qu'en cas de nécessité pour l'enfant ou la mère.
Hormis sa bande originale magnifique signé Carlo Rustichelli et sa scène finale terrible qui nous rappelle que tout peut se finir en un instant, L'Homme pressé n'est pas un film mémorable, mais il dépeint d'une certaine manière le tempérament d'Alain Delon durant sa vie, rempli de hauts et de bas.