Intrigante descente dans les méandres d'un esprit humain pour le moins singulier. L'homme qui voulait savoir est intéressant par sa façon de ne jamais poser un regard critique sur les hommes qu'il met en image, alors que ce sont leurs pulsions, leurs obsessions qui en sont pourtant le ciment. Qu'elles soient motivées par l'amour d'une âme à la dérive ou la curiosité d'une personnalité hors norme avide d'expérimentations extrêmes, elles ne sont jamais jugées. George Sluizer se garde de laisser transparaître son sentiment sur ce qu'il filme, son unique but est de confronter deux hommes dans leurs obsessions, pour le meilleur et pour le pire.


Pour cela, il fait de son script une histoire on ne peut plus limpide qui repose uniquement sur l'homme, les relations qu'il tisse et ce visage travesti qu'il montre en société. Le tueur de George Sluizer est un homme insoupçonnable et pourtant. C'est l’ambiguïté que colporte ce dernier qui fait tout l'intérêt du film. Bernard Pierre Donadieu délivre d'ailleurs une belle partition, toute en sang froid et retenue pour imprimer sur bobine tout le côté versatile de son personnage. Rarement submergé par ses émotions, ne connaissant pas le remord, ce dernier est d'un sang froid à toute épreuve qui le rend glacial. Tout le contraire de celui qui le traque pour retrouver cette passion amoureuse qui lui a été volée. Le face à face final est en ce sens très enthousiasmant. Les deux hommes se rencontrent enfin, cette vérité que l'on a recherchée jusqu'ici nous est offerte lors d'un dernier acte noir en diable qui ne laissera personne indifférent. Ainsi que cette ultime séquence qui s'attarde sur le terrifiant vainqueur d'un match perdu d'avance.


Quel dommage que L'homme qui voulait savoir ne soit pas porté par une réalisation un peu plus inspirée, parce qu'il est si solide dans son écriture qu'il aurait mérité un peu plus de panache dans sa mise en image. En l'état il faut se contenter d'une maîtrise formelle un peu balbutiante, en tout cas insuffisante pour complètement laisser exprimer le potentiel des personnages et de leurs histoires respectives. On retiendra toutefois la belle inspiration narrative à l'origine du film ainsi que son impressionnant déroulement. On se laisse malmener avec véhémence dans l'unique but d'enfin entrevoir ce que le malin découpage de toute la phase d'introduction nous a volontairement caché. Jolie découverte.

oso
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le 29 avr. 2014

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