Comme une grâce de Cranach
AVANT-PROPOS
Ce court-métrage, relégué dans les greniers, il y en a pas un qui soit capable de l'égaler et d'être dans ce même esprit d'avant-garde, la face tournée vers l'avenir avec les expériences du passé.
Je viens d'entendre aujourd'hui une émission qui présentait Pierre Rabhi, ce monsieur aux idées qu'on dit "grandes". Je suis consterné par l'inanité du ton de l'émission mais aussi celle du discours (inanité épistémologique, inanité collective). http://www.franceinter.fr/emission-ils-changent-le-monde-0 (pour ceux qu'un des chantres luddistes et décroissant intéresse).
Or l'Idée, elle vient combler le vide de la pensée. Elle s'interpose certes entre l'individu et ses erreurs ; certes il fait sa part des choses mais il n'oublie jamais de le faire en connaissance de cause (oh que c'est poélitique ! - je suis un prophoète !). Ce qui signifie que lorsqu'on se retrouve face à une injustice, face à la brutalité de la modernité comme ils disent,
imputer la cause de la brutalité, ne serait-ce que d'un centième, à la modernité, c'est ne faire aucun travail philosophique et de recherche. Au contraire, c'est être en réaction devant la chose nouvelle, la refuser parce qu'on la trouve négative et qu'il vaut mieux revenir en arrière. L'Idée, elle, n'est pas réactionnaire.
Voici maintenant la critique que je fais du court-métrage car je pense qu'il faut, qu'il est de notre devoir - puisque la base est saine - de le critiquer pour aller plus avant, vers la solution autrement dit.
J'attends donc patiemment la suite de cette "Idée" : la "Solution".
CRITIQUE
Sur la base de gravures expressionnistes et sociales de Frans Masereel, Berthold Bartosch, issu de la même école d'art qu'un certain Adolf Hitler, a construit ce petit film d'animation. L'émotion ressentie au visionnage, cernée par les ondes Martenot qui interprètent Honegger, m'empêche d'avoir toute lucidité pour convaincre tout un chacun de le regarder. Pourtant, ce film d'animation le monde entier en a bien besoin aujourd'hui, à nouveau.
On pourra toujours prétexter que l'Idée est trop simpliste, j'y opposerai un humanisme de classe.
On pourra toujours dire que l'Idée est obsolète, j'y opposerai l'intemporalité.
On pourra toujours dire que ce n'est pas le propre de l'Idée que de séduire ceux qui n'en sont pas encore possesseur, j'opposerai que cette Idée-là pense aux autres et qu'elle demeure intacte. Certains peuvent la dénaturer, l'emmurer, rien n'y fera.
On pourra également dire que l'Idée ne suffit pas à expliquer le mouvement de l'Histoire,
On pourra toujours porter la raison triomphante de Voltaire aux nues, cela ne suffira jamais assez à expliquer le souffle qui anime un engagement partagé.
C'est ainsi que l'Idée est plus qu'une Idée, bien plus que la mère de l'idéologie, puisqu'elle est une Idée soustraite à une logique de l'Histoire et, pour que chacun ait sa propre Idée, chacun doit s'emparer de son Histoire et de ses enjeux permanents, de sa nature pour la confronter à ceux qui la bafoue.
Il est à noter que le monde est tellement violent avec nous, il est évident que la prochaine Idée sera nécessairement violente lorsqu'elle déplacera les foules.
Fin de la critique.
Fin de la critique ?
Je peux arrêter ma critique ici et, d'un autre côté, je ne le peux pas.
Je ne le peux pas car si c'était l'idée et son cortège de raison qui faisait le triomphe du monde humain, il y aurait longtemps que la Révolution Française, par exemple, aurait du laisser place à un monde plus égalitaire et plus libre, or c'est la restauration qui a suivi. Et bien souvent, les révolutions que nous observons ici ou là dans le monde sont remplacées par des dictatures faussement démocratiques, des régimes fantoches... le plus souvent installés selon des contextes nationaux et internationaux qui, eux, sont précis. Ces contextes ne sont pas le ressort d'idées, mais d'intérêts sociaux et économiques... Ils sont poussés à agir de la sorte, en dépit du monde de la raison.
Voilà en quelques mots signifier que l'Idée ne suffit pas, ni que l'ensemble de toutes les idées ne suffisent pas à comprendre l'histoire et par conséquent le sens de tous mouvements humains. En revanche, commencer à contextualiser l'Idée dans les lois économiques et sociales est une base nécessaire pour comprendre et donc agir sur notre monde.
Mais c'est juste une petite suggestion. Un bébé Idée.
La conception matérialiste de l'histoire de Plekhanov : http://www.marxists.org/francais/plekhanov/works/1904/00/plekhanov_19040000.htm
Cet auteur, très pédagogue, nous passe en revue les différentes conceptions de l'histoire afin de déterminer que le matérialisme demeure la meilleure arme pour se faire des Idées.
Et si vous désirez discuter, je suis là !
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