La menace verte.
La première aventure du géant vert signée Ang Lee n'ayant pas convaincu grand monde avec son David Douillet vert fluo, Marvel profite de la phase une de son initiative Vengeurs pour relancer la...
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le 28 mars 2014
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J'étais vraiment parti avec les meilleures intentions du monde en le visionnant. Avant de voir "Captain America: Civil War", je me suis mis en tête de regarder les films de l'Univers Cinématographique Marvel (MCU) que je n'avais pas encore vu. Celui-ci en faisait partie.
Je suis tout à fait conscient que la plupart des films de cet univers Marvel oscillent entre le sympathique et le franchement médiocre et je n'attends rien d'exceptionnel à chaque fois que j'en vois un. On a les bons vraiment sympas ("Iron Man", "Les Gardiens de la Galaxie", "Ant-Man"), les juste sympas ("Avengers", "Iron Man 3") et les mauvais ("Captain America", "Thor", "Iron Man 2", "Avengers: L'ère d'Ultron"). Eeeeeeettt... "L'incroyable Hulk" fait pour moi partie de ces derniers, même s'il y a quand même des bons points sur lesquels je reviendrai.
Pourtant, un film avec Ed Norton, Tim Roth et Liv Tyler ne pouvait-il pas n'être que bon? Oui,en spectateur facile que je suis, les têtes d'affiches ont tendance à constituer la carotte qui me fait avancer jusqu'à mon écran. Sauf que là, la carotte est déjà un peu verte et a un drôle de goût (vert, Hulk...vous l'avez? Hein?! Hein?!).
Synopsis: Le docteur Bruce Banner, victime (plus ou moins consentante) d'une projection de rayons gammas devient le géant vert que l'on connaît. Poursuivi par l'armée et la police américaine, il se réfugie en Amérique du Sud (au Brésil, plus précisément), obtient un boulot dans une usine de sodas, et communique grâce à son ordinateur avec un mystérieux "Mr. Blue", potentiellement capable de le guérir de son "anormalité" (je mets des guillemets parce que je trouve toujours ça méchant de traiter quelqu'un d'anormal, même quand il est immense, tout vert et très violent. Voilà.)
Le film fait le pari de ne pas s'étendre sur l' "Origin Story", résumée dans la scène introductive du film (scène très mal filmée, au passage). C'est plutôt malin, d'autant plus qu'ayant vu ou non le film avec Eric Banna, quasiment tout le monde connaît les grandes lignes de l'histoire de Hulk.
On retrouve donc Bruce Banner (Edward Norton) dans les favelas pour ce qui constitue l'une des trois scènes intéressantes du film (selon moi): Il apprend à contrôler sa respiration et son pouls par le biais d'exercices de relaxation avec ce qui semble être un maître d'arts martiaux. C'est pas mal parce que d'entrée, on comprend le handicap que sa transformation représente pour lui, à quel point c'est une faiblesse et non une force. On le voit aussi dans sa répugnance à tabasser les bullies débiles qui embêtent sa copine brésilienne (je mets pas ça dans les scènes intéressantes, juste à cause du cliché de la situation).
Mais on déchante vite. Le scénario arrive. Et je m'en veux parce que je vais être d'accord avec Durandal (POURQUOI?! JE VEUX PAAAAAS): Bruce Banner est stupide.
Le général qu'on va appeler "militaire méchant avec un cigare" ou "papa d'Arwen", c'est selon, explique qu'il a menti à Banner en lui faisant croire qu'il bossait sur un projet pour combattre les rayons gammas alors qu'en fait, l'expérience qu'il a réalisé lui a fait absorber les rayons. Bruce Banner étant sensé être un brillant scientifique et un mec super intelligent, comment cela est-il possible? Le type ne se rendait pas compte de sur quoi il travaillait?
Et cette débilité, on la retrouve partout. Il accepte de communiquer ses données médicales et ses échantillons sanguins avec un parfait inconnu alors qu'il est en cavale, il n'attend que quelques secondes que les militaires soient passés pour sortir de sa planque et ils sont toujours dans la rue, du coup...
J'ai une tolérance très grande aux scripts bâclés, notamment dans ce genre de productions. Mais s'il y a bien UN truc que Bruce Banner n'est pas, c'est con. C'est un peu comme si la Veuve Noire devenait une héroïne hyper girly, un peu coconne. Ca n'a pas de sens.
Deuxième grosse faiblesse du scénario: Les méchants. Si la qualité d'un film se juge à son méchant, comme on le dit souvent, que dire de la qualité de celui-ci?
Visiblement, le papa d'Arwen veut mettre la main sur Banner pour lui prélever du sang afin de continuer ses expériences et de transformer d'autres personnes en Hulk (honnêtement, j'ai pas tout compris, je peux être complètement à côté de la plaque sur ce coup là.) Bon, on a le stéréotype du ricain qui n'hésite pas à jouer avec des vies pour arriver à ses fins de gros bourrin pragmatique. Pas original, mais ok.
Mais le mercenaire joué par Tim Roth (qu'est ce qu'ils t'ont fait, Tim?)...on comprend pas. Le type semble vouloir personnellement dérouiller Banner à tout prix alors qu'il l'a jamais rencontré. Quelles sont ses motivations? On voit bien qu'il est orgueilleux, d'accord. Assez orgueilleux pour avaler en pleine conscience un produit le transformant en "super soldat" afin d'être assez puissant pour rivaliser avec Hulk (produit d'ailleurs servi par le même type qui a omis de lui préciser que lui et ses hommes pouvaient se faire défoncer par une grosse créature verte en tenant de choper Banner). Le mec est ultra-obstiné, ultra-confiant. Bref, ultra-méchant, et on nous en dira pas plus.
Bon, deuxième scène intéressante: L'"iconisation" de Hulk. La première fois que Banner se transforme en Hulk, lorsqu'il est attaqué par Tim Roth et ses sbires dans l'usine brésilienne, on ne le voit que partiellement pendant plusieurs minutes.
C'est un procédé surexploité depuis "Alien", mais c'est plutôt couillu de l'appliquer à une créature aussi grosse et peu discrète que Hulk. Je salue le fait qu'on ne découvre son visage qu'en même temps que le méchant Tim (qui, au passage, flippe un peu). Voilà, à bientôt pour la dernière bonne scène.
Ensuite, je fais un tire groupé sur la manière de filmer et le jeu d'acteur. C'est filmé avec les pieds. Les courses poursuites sont dans la pure lignée Europa-Corp: pas de plan de plus de deux secondes (j'en ai quand même compté un de trois secondes dans les favelas!), une caméra épileptique, une action illisible. Même dans les moments plus calmes, les tentatives d'effets sont ratées.
Ensuite, les acteurs. Ed Norton semble vraiment en avoir rien à secouer. Quand on sait quel grand acteur il peut être, je crois que le terme "minimum syndical" a été inventé pour lui dans ce film. Le pauvre Tim Roth fait ce qu'il peut pour survivre à la débilité de l'écriture de son personnage.
Liv Tyler fait le job, sans plus. Ambiance.
Bon, je passe sur les incohérences énormes qui jonchent tout le film (quand on est habillé en livreur de pizzas, on peut accéder aux données les plus secrètes d'un laboratoire américain) et je vais m'étendre sur UNE scène qui 'a faite mourir de rire. Et ça m'a fait du bien.
Hulk se bat contre les militaires dans les jardins de l'université et le papa d'Arwen est pas content. Bah oui, les mitrailleuses font rien contre le gros monstre. "Où sont les gros calibres?!" crie-t-il. Et là, comme s'ils n'attendaient que ces mots, deux camions surgissent des buissons (littéralement, les entrées de champs sont juste magiques) et commencent à mitrailler Hulk, qui les défonce. "Que foutent nos canons?!" hurle alors le méchant. Pareil. Les tanks jaillissent comme par magie et Hulk les défonce. "Mais où est l'hélico, bordel?!". C'est génial, un sketch sur les mauvaises scènes d'action n'aurait pas fait mieux.
On arrive à la troisième scène que j'ai aimé. Liv Tyler propose à Banner de prendre le métro, ce à quoi il répond que Hulk et les transports en commun ne font pas bon ménage. "D'accord, prenons un taxi."
Scène suivante: Le chauffeur de taxi roule comme un malade et insulte tout le monde sur la route, le pauvre Banner doit lutter pour ne pas se transformer.
Voilà, c'était con, mais c'est la seule scène de comique volontaire qui m'a fait rire et je voulais le souligner.
A la fin (attention, ça va vite): Banner découvre que Mr Blue a en fait créé plein de poches avec son sang ce qui est très dangereux, Tim Roth débarque et Hulk est capturé par le méchant. Tim Roth s'injecte du sang de Hulk et devient un gros truc pas beau, rapport au premier produit qu'il avait absorbé. S'en suit un combat sur fond de destruction de ville comme on en voit à la fin de quasiment chaque Marvel (et DC, plus récemment). Finalement, Tim Roth est battu, et après des adieux presque déchirants, Banner retourne se cacher en Amérique du Sud (en Colombie, cette fois).
Le film n'est pas un véritable navet, mais il n'est pas bon du tout. Le combo "script foiré + filmé à l'arrache + acteurs pas convaincants ni convaincus" le fait passer de "divertissement sympa" à "pénible à regarder";
Pour le reste, il y a quelque bonnes idées ici et là. M'voilà. Très dispensable.
En tout cas, Mark Ruffalo, le Hulk actuel, est bien plus investi dans son rôle que Norton. Ca fait quand même plaisir.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films Marvel, Les meilleurs films de super-héros, Les meilleurs films avec Edward Norton, Les pires blockbusters et Ces films qui sacrifient un très bon acteur...totalement.
Créée
le 13 mai 2016
Critique lue 536 fois
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