Do you ever feel... like a douchebag ?
Par Tyler. Quel tapage médiatique ! Entre Barrack Obama qui se félicite de la sortie du film et Kim Jong Un qui demande à l’ONU de sévir contre James Franco et Seth Rogen, L’Interview qui tue ! (The Interview) avait cette saveur politique et ce gout de buzz dont on a envie de se délecter avec un plaisir coupable. Tout ça pour quoi ? Un film moyen mais quelques scènes jouissives.
Sur fond de crise politique entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, L'Interview qui tue! met en scène Aaron Rappaport (Seth Rogen), producteur du talk-show Skylark Tonight présenté par son ami Dave Skylark (James Franco), jeune animateur prétentieux se délectant du malheur des autres. Soudain pris d’une crise de conscience, Aaron va se rendre compte qu’il espérait faire du vrai journalisme et non pas de la télé-poubelle. C’est alors que Dave découvre dans un article que Kim Jong Un (Randall Park), le leader nord-coréen, est fan de l’émission Skylark Tonight. Nos deux compères vont rentrer en contact avec le chef d’état pour lui proposer une interview qui pourrait devenir légendaire. C’est alors que la CIA de l’Agent Lacey (Lizzy Caplan) s’en mêle et leur demande d’assassiner Kim Jong Un… Au vu de la bande-annonce et du duo d’acteurs principaux, il ne faut pas s’attendre à un film grandiose et prendre le film pour ce qu’il est : une niaiserie pour poser son cerveau par terre.
La première chose qui frappe le spectateur est que Seth Rogen, qui co-réalise le film avec Evan Rodberg, a tout simplement copié la recette des précédents films dans lequel il a joué, en particulier Nos Pires Voisins (Neighbours) (avec au casting Dave Franco, le frère de James !) que j’avais critiqué sévèrement cet été. Un Franco et son érection, Rogen et ses « Oh God ! » pendant ses relations sexuelles, une bromance, des jeux de mots (souvent bons) répétés une dizaine de fois par l’un des deux protagonistes pendant que l’autre s’énerve… Cela vous rappelle quelque chose ? Et encore, si c’était bien fait… James Franco flirte avec l’insupportable pour le côté prétentieux de son personnage : mimiques à répétitions, regard hautain pas crédible, crises d’énervement exagérées… Difficile d’y croire.
L’Interview qui tue ! commence donc sur les chapeaux de roues..! De nombreux défauts parsèment le film et peuvent faire sortir le spectateur de celui-ci. A commencer par le duo d’acteurs qui jouent les idiots : on ressent régulièrement qu’ils se forcent et que ce n’est pas naturel. Pas évident de jouer l’idiot, comme disait Mr. T dans sa critique de Dumb & Dumber De ! Et comment ne pas penser à sous-titrer l’interview en coréen alors que toute la Corée du Nord regarde celle-ci ? Les Nord-Coréens parlent tous Anglais maintenant ? Ce n’est qu’un détail parmi d’autres qui montrent la grosse absence de réflexion dans la finition du film.
« Mais Tyler, tu avais dit un film moyen, à t’entendre, on dirait que c’est le plus gros bullshit de l’année 2014 !?! », me dites-vous. A cela, je vous répondrais tout d’abord que je dis ce que je veux et qu’on ne rentre pas comme ça dans les critiques des gens, puis que finalement, le film comporte aussi des tas de points positifs, de détails croustillants, de parallèles suivies et de scènes puissantes. Entre piques acerbes (mais loin d’être subversives) des talk-shows, du « american way » de régler les problèmes et des « messages forts de Katy Perry pour toutes les femmes et filles de la planète », The Interview a un aspect critique plutôt drôle et rafraichissant. Le film est aussi un hommage vibrant au Seigneur des Anneaux, avec des suites de répliques récitées par Dave Skylark avec un timing souvent très juste. Pour n’en citer qu’une : « Come with me to Mordor », demande Dave à Aaron avant de partir pour leur long voyage.
D’une manière générale, The Interview est d’une meilleure facture dès que les deux compères débarquent en Corée du Nord. Pour commencer, comment ne pas relever la grosse performance de Randall Park, qui interprète à la perfection toute la dualité d’un Kim Jong Un sensible et colérique, accessible et terrifiant, mais surtout fan de Katy Perry ! L’actrice Diana Bang joue d’une manière convaincante et bien adaptée à son rôle de responsable de la propagande de Kim Jong Un. La fin du film est en apothéose et n’est sans rappeler un certain Une Nuit en Enfer de Quentin Tarentino, en moins subtil et puissant cependant.
L’Interview qui tue ! est un film énervant mais drôle, médiocre mais jubilatoire. Il restera certainement plus dans les annales à cause du tremblement médiatique qu’il a provoqué que par sa qualité intrinsèque, mais vous ne passerez pas un mauvais moment en le regardant. Enfin, sauf si vous êtes allergiques à l’humour scato-porno-beauf dont est friand notre cher Seth Rogen.