Gianni Amelio ("L'Étoile imaginaire", "Mon frère") nous livre une fable sur le monde du travail, en mettant en scène un personnage lunaire, d'emblée présenté comme un bienheureux de l'intérim au travers des différents métiers qu'il exerce : ouvrier de chantier au vertige prononcé, animateur en supermarché, cuisinier en restaurant, poseur d'affiches, conducteur de tramway ou encore livreur. Dès le début, on ne sait pas trop si cet éternel remplaçant au grand cœur (il aide une jeune femme qui sèche à un concours administratif...) est sensé faire rire par sa simplicité ou nous émouvoir par sa générosité.
Car la fable, forcément, exagère le trait, tout en ayant ici vocation à dépeindre la dureté du milieu du travail. Ainsi Amelio illustre la férocité des patrons, pris à la gorges dès qu'on leur demande à être payé, les petites humiliations quotidiennes (le vol des pizzas, la pose des affiches à refaire...), les petits ou gros arrangements avec la morale, tout cela au nom du sacro-saint commerce... Le tout est difficilement digeste, insistant sur la nécessité pour le personnage, malgré sa galère continue, de faire le bien autour de lui.