Alors que l'Hollywood des années 40 connaît une période de censure morale, due au code Hays notamment, Daryl F. Zanuck se lance dans la production d'un film décrivant l'exode des mormons, polygames notoires...
En quelques mots, ce film culte (chez les mormons en tout cas) narre les pérégrinations de la toute jeune Église des Saints des Derniers Jours, après le procès inique et meurtrier de Joseph Smith, le fondateur de la secte. Son successeur Brigham Young, tel un Moïse des temps modernes, guidera ses ouailles vers la terre promise de Salt Lake City dans l'Utah. Pour Jonathan Kent, membre de la secte, ce voyage sera aussi un parcours initiatique...
Avec Henry Hathaway aux manettes, L'Odyssée des mormons s'avère être un divertissement tout à fait honnête mais qui n'est pas exempt de reproches. On remarquera notamment la première partie du métrage avec la scène de chasse à l'homme qui est dépeinte d'une manière particulièrement réaliste pour d'époque. Le procès totalement truqué de Joseph Smith finit par emporter la conviction du spectateur dans ce film ouvertement "pro mormons". La suite est un peu moins réussie. Chassée de l'est des Etats Unis, la jeune communauté entame une longue marche vers les Montagnes rocheuses à la recherche d'un havre de paix. Le film se concentre alors sur les états d'âmes de Brigham Young, le nouveau pasteur autoproclamé. En effet, contrairement au prophète Joseph Smith, Brigham Young n'a pas de révélations divines et guide sa communauté avec son simple bon sens. On suivra donc les hésitations du jeune leader jusqu’à l'installation des Mormons à Salt Lake City où une invasion de criquets (repoussée par des mouettes!) constituera le climax du film.
D'un point de vue formel, le film est une réussite mais son propos est plus discutable. Sa vision quelque peu hagiographique de Brigham Young est en cause. La polygamie mormone n'est guère évoquée alors que Brigham Young n'a eu pas moins de 52 épouses...Le principal écueil du film est son coté ouvertement partisan! L'intrigue secondaire, l'histoire d'amour entre Tyrone Power et Linda Darnell, est quant à elle totalement insipide et dépourvue d’intérêt!