A nouveau revu à l'instant.. Et force m'est de constater que je ne peux maintenant plus que lui mettre un 10..
A chaque re-visionnage, ce film arrive à me prendre complètement. A chaque fois je retombe complètement en admiration devant son ambiance, ses décors, sa musique..
Alors oui, il est lent, oui il est contemplatif.. Mais en même temps si il ne l'était pas, ce ne serait pas L’œuf de l'ange. Il a besoin de ce rythme pour être ce qu'il est. Et effectivement si vous n'aimez que quand ça bouge, et les rythmes plus rapides (et ce n'est pas une critique, j'aime ça aussi) clairement vous allez avoir du mal à supporter ce film..
Bref, je pourrais faire une interprétation de ce que veut dire le film (ou plutôt de comment je le comprend en tout cas) mais honnêtement je n'en vois pas vraiment l'intérêt.. Pour dire quoi, qu'on nous parle du déluge de la bible, que la fille représente l'humanité et l'homme une certaine forme de Jésus ou autre..? Je pense qu'il est à chacun d'en avoir l'interprétation qu'il en veut, d'y voir ce qu'il a envie d'y voir.
Nan, à la place je préfère m'attacher au film non pas pour ce qu'il signifierait, mais plutôt pour ce qu'il montre.. Et c'est un peu différent comme idée pour moi.
(Et là vous vous dites : "Houlala, ça y est on est parti pour lire une critique qui se branle la tête sur des conneries et des idées "phylosophico-pouetpouet" de comptoirs.."
Et je vous répondrais : "Oui. Bien sûr que oui. Mais c'est comme ça, je peux pas m'en empêcher.." Mais je vais essayer de pas partir dans tout les sens et de rester assez terre à terre, promis.."
Bon en vrai tout ce que j'y voit se résume assez simplement et peut même l'être en une seule phrase : "L’œuf de l'ange nous peint un tableau animé représentant le concept d'entropie."
Alors que je m'explique, parce que oui l'entropie est un terme qui peut vouloir dire plusieurs choses. Personnellement (et ici en particulier), je prends ce terme dans le sens d'un "mécanisme" de destruction et de désorganisation progressive d'un système par lui même. (ici l'humanité)
En fait, et c'est là que je prends tout mon plaisir dans ce film (90% en tout cas) c'est de voir cet "affaissement", cet "essoufflement" de cette humanité qui n'est déjà (et depuis longtemps il semble) plus que l'ombre d'elle même. Il ne restera rien après tout ça (en tout cas plus rien qui nous y relie).
Et tout ça n'est pas arrivé dans une explosion, dans la fureur des flammes, ou autres catastrophes tonitruantes et sauvages. Non. Cette fin arrive à pas de loup, sans se faire remarquer, jusqu'à ce qu'il soit trop tard et que tout soit déjà fini. Bien sûr certains "résistent" contre cette entropie, mais trop tard, les marins du films ne sont que des ombres en chassant d'autres, espérant que cela servira peut être à leur rendre leur monde et leurs vies.
Mais tout se délite, doucement, tranquillement, comme si la fin n'avait pas besoin de se presser. D'ailleurs c'est le cas elle n'en a pas besoin, elle arrive c'est tout. Comme toujours, comme partout, et ce jusqu'à ce que plus rien ne soit. Que tout soit disparu, que tout se soit effondré et rendu à la poussière et au vide..
L'univers va dans ce sens. Nous mourrons un jour, le soleil mourra un jour et la Terre le suivra, les étoiles mourront toutes et viendra un temps où même les atomes qui composera les cadavres des étoiles moribondes, arriveront à la fin de leur existence et "mourront".
Tout ce qui naît, meurt. Comme tout ce qui monte redescend un jour. Tout et tous, nous nous dirigeons vers l'entropie universelle par vague successives de micro-cycles d’élévations et de chute..
Et c'est pour tout ça que j'aime le film pour ce qu'il montre et non pas pour l'interprétation que peuvent en faire les gens (ou ses créateurs). Qui représente qui, au final on n'en a pas grand chose à faire, ce qui importe (à mes yeux) c'est le mouvement qu'il nous montre, c'est la chute, l'agonie rendue poétique et paisible. Il n'y a pas à en avoir peur ici, elle arrive, tout simplement parce que c'est ce qui doit être.
Tout doit finir un jour...