[Passé en revue avec l'ensemble des courts de Svankmajer : http://zogarok.wordpress.com/tag/svankmajer/ ]
Comme Le Jardin c’est une étape puisque cette fois Jan Svankmajer tourne un documentaire. Il nous convie dans l’ossuaire de Sedlec en Bohême, où sont entassés avec soin des crânes humains. Notre alchimiste s’y emploie avec un sérieux absolu et une emphase impétueuse ; c’est une balade lyrique, avec la mélopée d’une certaine Liska Zdenek – une voix charmante épousant parfaitement l’horreur disciplinée et sacralisée du contexte. On note le romantisme taquin de la mise en scène ; mais pas la moindre embrouille métaphorique, tout est là, sous le regard. Un Face à la Mort poétique.
La courte scène des noms gravés sur les cranes (à la manière des badauds esquintant les arbres, pour apposer leur signature ou prendre à témoin la Nature de leur idylle) est un uppercut profond ; tout en renvoyant à la conclusion de L’Appartement, où l’occupant se résignait à n’être qu’un immatriculé de plus. La boucle est bouclée, c’est d’une noirceur d’autant plus percutante qu’elle est laconique et sans artifices, mais parfaitement élégante. L’air de rien, possible malaise à la sortie, par aperçu brutal et terre-à-terre de sa place finale.
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