Bon sang que j'ai craint de le revoir. Je l'adorais enfant et je me disais "est-ce que ça a bien vieilli ?" Bon, premier bon signe : C’est un scenario original, et de Goscinny s’il vous plaît. Certains critiques de l’époque avaient été durs avec la qualité graphique des films du Studio Idéfix. D’accord, il n’y a pas de comparaison avec les films de Walt Disney, les couleurs relativement ternes, certains décors sont brossés sommairement, et tout comme dans les 12 travaux d’Asterix on a parfois l’impression de voir des coups de crayon à papiers qui n’ont pas été encrés ou peints. Pourtant ce n’est pas dérangeant, je trouve même au contraire que ça donne un certain cachet. C’est selon moi beaucoup plus attirant que les dernières adaptations animées de Lucky-Luke dont le style me rebute, depuis la série de 2001.
Et puis, soyons francs, c’est hilarant. Trop de bonnes répliques, les jurés sont géniaux... Passer 1h20 à regarder la bêtise des Dalton c'est un plaisir, d'autant qu'avec les jurés viennent de nombreux environnement différents, on est bien dépaysés.
S’il y a un défaut c’est du côté musical. Non pas l’ambiance musicale, c’est réussi, voire très réussi. Ni le thème principal qui se retient bien et n’est pas désagréable. Je vais encore prendre la comparaison avec les 12 travaux d’Astérix mais le fait est là : Il y a une séquence où Astérix, Obélix et les femmes de l’ile du plaisir dansent pendant trois plombes. Et c'est fastidieux. Ici, bien que plus varié, une séquence de rêve des Dalton nous offre une mini-comédie musicale… qui dure tout de même 5 bonnes minutes, ce qui est est assez long, en soi. A plusieurs reprises j’ai cru que c’était terminé, et ça repartait. D’accord il y a des références mais elles sont trop décalées par rapport au reste du dessin animé, et surtout, les enfants ne connaitront pas. Je vois que beaucoup ont adoré ici, ce n'est pas mon cas.
Cela dit c’est anecdotique, car le reste vaut le coup. C’est sur, on est loin de Lucky-Luke avec Terrence Hill ou les Dalton avec Eric et Ramzy. Si ce film a existé... ce qui n’est pas le cas. Le casting vocal est de qualité : Daniel Ceccaldi en Lucky-Luke, mais aussi Gérard Hernandez, Jacques Balutin, Pierre Tornade, Roger Carel, Rosy Varte… René Goscinny lui-même fait la voix de Jolly Jumper et notons, très reconnaissable, la voix de Pierre Tchernia en début de film, dont le personnage se fait vite flinguer.
Enfin ce film a quelquechose qui manque dans les dessins animés actuels : Un certain anticonformisme. Je veux dire, Lucky-Luke c’est un univers de desperado, avec les armes, les tripots avec alcool et danseuses, les sinistres croque-morts, la sympathie qu'on peut avoir pour les coyotes comme les Dalton, et on voit même... Lucky-Luke fumer ! Non ! Au secours, un terroriste ! Il a une cigarette ! Et il fume plusieurs fois dans le film ! Éloignez les enfants ! Boycottez les diffuseurs !
Le fait est que ça rend encore meilleur le décalage avec la scène où les Dalton vont à l’église descendre un juré, et se retrouvent menés à la baguette par une poignée de vieilles fidèles pincées. C’est le comble de l’ironie. On pourrait d’ailleurs dire que dans l’ensemble du film, les 4 desperados volent la vedette à Lucky-Luke et c’est peut-être vrai. Mais après tout, où est le problème quand le divertissement reste de grande qualité ? Or, 35 ans après sa sortie, suivre la ballade des Dalton est toujours un grand plaisir dont il serait dommage de vous priver.