Alors, c'est comme ça, l'imagination est morte au début du 21ème siècle et le cinéma ne nous offrira plus que du réchauffé telle cette nouvelle mode chez Disney: les classiques en vrai!
Je n'ai pas détesté le "Cendrillon" de Branagh, et je l'ai même trouvé charmant et regardable sans pour autant retrouver la magie du dessin animé (qui fait partie de mes préférés)
Mais ce "Belle et la Bête" m'a laissé de glace. Le dessin animé de 1991 est à mon avis l'un des meilleurs du studio aux grandes oreilles et l'un des plus importants : il initie le changement de caractère des héroïnes, c'est un pic en terme de musique et de comédie musicale, il excelle dans les seconds roles/side kicks plein d'humour mais pas énervant et c'est en plus un des contes les plus profond qui soit.
Faire un copié collé me semblait dangereux et j'avais raison.
Le dessin animé bien que fabuleux n'est certes pas exempt de trous scénaristiques qui, s'ils passent dans une oeuvre animée de 1h20, ne sont pas admissibles dans une oeuvre live.
Il fallait donc remodeler certaines situations.
C'est fait avec plus ou moins de bonheur car nos amis scénaristes ont succombé au trop qui est l'ennemi du bien.
En effet, il est bon de justifier un peu mieux l'attitude de Gaston vis à vis de Maurice quand il l'envoie à l'asile (ça sort un peu de nulle part dans le DA) ou bien le fait que Maurice soit libéré à la place de sa fille (soyons francs, Maurice n'est pas vraiment un bon père dans le DA), le pourquoi de l'ignorance des villageois sur l'existence du château et même l'explication de la mansuétude des serviteurs vis à vis du prince, de la malédiction et de ses manières, n'est pas trop mal amenée.
Il y a même un changement qui est brillant!
Le destin des serviteurs est plus cruel encore que dans le DA et la scène où ils finissent pas être des objets et perdent totalement leur humanité est très belle et très poignante.
Cependant, ils ont franchi la ligne du nécessaire et sont entrés tête baissée dans le superflu, l'inutile et le bouffi : le passé du prince et le pourquoi de son caractère (en gros c'est pas sa faute: merci, voilà un bon moyen de donner de la profondeur à un personnage), le destin de la mère de Belle dont on se contrefiche royalement pour ne citer que les 2 principaux.
Au lieu de passer du temps à développer la relation de Belle et de la Bête, on perd un temps fâcheux en flash back de gens dont on a rien à faire!
Néanmoins, la relation de nos héros est correctement amenée. Certes, qu'il soit totalement fou d'elle en 2 jours est compréhensible par contre qu'elle le soit de lui en si peu de temps reste à démontrer. Un peu plus de temps entre eux au lieu de voir des gens mourir dans des lits et ça aurait été bien mieux (on est quand même pas au point de la relation éclair de la version de Gantz où ils se parlent 2 fois et c'est le grand amour et puis vite détruisons des géants de pierre).
Un autre point qui m'a déçu, mais j'y reviendrai certainement quand j'aurai vu la VO, c'est les chansons. Si certaines ont survécu à une retraduction pourrie, ce n'est pas le cas de toutes, ce qui fait qu'on ne peut pas se faire un karaoké dans sa tête et en plus la ryhtmique n'est pas bonne, les mots ne collent pas, j'ai eu mal! (j'ai conscience que traduire pour un DA et pour un doublage de film live ce n'est pas pareil mais tant pis).
Heureusement, "C'est la fête" et "Histoire éternelle" s'en sortent sans une égratignure mais la chanson de Gaston qui est ma préférée ne s'en sort pas aussi bien.
Par contre, les chansons ne sont pas modifiées mais les scènes tombent totalement à plat! L'extravaganza des ustensiles n'a pas lieu et la scène manque de peps et le réalisateur s'acharne a faire des gros plans au lieu de nous montrer les assiettes qui dansent et la scène de la salle de bal, pièce de résistance du film et de la relation amoureuse, fait pschitt. Ils ne valsent pas vraiment, c'est une sorte de menuet hybride, ça manque d'allant, bref, pschitt! (c'était peut être trop compliqué de leur donner des cours). Mais étant donné que le film a l'air de se passer sous Louis XV (en gros, en très gros) c'est peut être un choix voulu après tout!
Côté casting : Emma Watson est bien charmante mais elle ne m'a pas convaincue. J'avais l'impression qu'elle n'était pas là! C'est correct mais le charisme fait défaut.
Dan Stevens étant remplacé par la créature cgi la plus laide que j'ai vu depuis le Grand Moff Tarkin, je ne jugerai donc pas de sa performance. Mais la bête est à la fois pas assez animale pour faire peur et trop animale pour laisser paraitre son humanité, un paradoxe et un comble!
Est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer comment Jean Cocteau arrive dans les années 40 à avoir de meilleurs effets spéciaux qu'un film fait aujourd'hui! Le maquillage de la bête de Jean Marais est une pure merveille à la fois animale et sensuelle, crédible et qui ne camoufle pas le jeu de son acteur. Arrêtez avec les ordis et faites des maquillages. Bref, la Bête est moche! Et surtout pas sexy surtout, Disney oblige, on reste dans le sur-aseptisé de ce côté là. La Bête du dessin animé est plus sexy que celle du film, c'est quand même quelque chose !
Celui qui tire son épingle du jeu, c'est Luke Evans en Gaston. D'une part, le personnage est super à la base mais il lui donne vie et corps avec beaucoup de talent le transitionnant du gros crétin bête et méchant en quasi psychopathe, j'ai bien aimé cette évolution du personnage. Sa relation avec Le Fou est aussi modifié en mieux. (et je ne parle pas du fait qu'il ont fait sortir le personnage du placard, c'est bien plus subtil que ça).
Côté effets spéciaux, outre la bête, les objets animés sont très bien rendus avec quelques ajouts de personnages qui ne servent à rien.
Les décors sont magnifiques, les costumes corrects mais manquent de cohérence historique et sa robe jaune est moche, j'ai cru que j'allais pleurer dans le cinéma, on dirait du plastique.
La magie n'a malheureusement pas opéré sur moi et j'ai plutôt ressenti de l'ennui que de l'émerveillement. Le film n'est pas irrécupérable mais il est tiré vers le bas par son choix de copié collé qui force à la comparaison et qui n'est pas à son avantage. Ce n'est pas une nouvelle version du conte mais une pale copie.
Avec une histoire qui a tant de potentiel, c'est dommage.