Je suis allé voir la nouvelle adaptation de La Belle et la Bête, réalisée par Bill Condon, ce week-end, et voici ce que j’en ai pensé. Avant de commencer, sii vous voulez vous rafraîchir la mémoire en repointant les éléments importants du film d’animation Disney de 1991, je vous invite à jeter un petit coup d’œil à ma critique de La Belle et la Bête.
Avis sans spoiler :
Booon, un sacré morceau que cette nouvelle adaptation live-action Disney ! Nous ne sommes pas ici dans une réinterprétation comme pouvait l’être le Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton, mais véritablement dans un remake très fidèle à l’œuvre d’origine, à l’instar du Livre de la Jungle de 2016. On retrouve donc énormément d’éléments du Disney de 1991, mais aussi de nouveaux ajouts plutôt intéressants. Au niveau graphisme et design, j’ai trouvé le film complètement bluffant ! Les paysages, la vie grouillante du village, les objets anthropomorphes du château…tout est vraiment magnifique ! La musique est également très bonne, Alan Menken reprend les commandes de son projet de 1991 et fait quelques modifications intéressantes. Les chansons sont très bien interprétées, et on revit avec enthousiasme les grands moments musicaux du Disney avec les cultismes « Bonjour », « C’est la fête », « Gaston » et « Histoire éternelle » ! Bien que le film reste un excellent divertissement pour toutes ces raisons, on rate quand même l’ambiance particulière, les messages et frissons du film d’animation de 1991, notamment avec des personnages principaux aux caractérisations changées qui ne portent plus vraiment en eux cette magie d’origine. Je reste persuadé que la magie Disney est inhérente au format animation, du moins j’attends de voir l’adaptation live-action d’un Disney à la hauteur de son film d’origine.
Cependant on reste sur un très bon film familial, qui fera rire les petits et divertira les plus grands, tout en apportant cette pointe de nostalgie des œuvres de notre enfance. Un bon 7/10 !
Pour aller plus loin :
Les personnages
Commençons donc par les choses qui fâchent ! Parce que vraiment, il manque à tous les personnages principaux leur substance d’origine, du moins en partie.
Belle
Belle est bien interprétée, c’est vrai, par Emma Watson. Pour le côté attentionnée, douce, riante, c’est un sans-faute, on retrouve avec bonheur notre Belle du dessin animé, et les moments de complicité Belle/Bête sont bien gérés. Au niveau rêve d’aventures et envie d’escapade de son morne quotidien, on y est aussi à peu près, bien que je trouve l’interprétation légèrement faussée, surtout dans la chanson qui reprend le thème « Bonjour » après la demande en mariage de Gaston. C’est dans cette reprise que Belle nous faisait comprendre son envie de se tirer du village et de vivre sa propre aventure, entourée de toutes les belles collines environnantes, sur une superbe musique. Dans la version 2017, certes la musique reste au top, mais Emma Watson nous chante ça avec un petit sourire en coin et les yeux pétillants qui rate vraiment l’intention d’origine. Mais ce qui manque vraiment dans l’interprétation d’Emma Watson à mon sens, c’est le caractère bien trempé de Belle. Eh oui, n’oublions pas qu’elle prend un malin plaisir à tourner Gaston en ridicule dans le Disney de 1991, en l’envoyant tête la première dans une flaque de boue et en se moquant à demi-mot de sa stupidité, et qu’elle tient tête à la Bête et son sale caractère. Belle c’est la fille involontairement arrogante, celle qui se remet les mèches en place avec un petit air supérieur face aux regards interloqués des villageois, celle qui n’a rien à faire de ce qu’on pense d’elle et qui n’hésitera pas à s’asseoir en tailleur sur la place du village pour lire et à chanter avec les moutons. Et à ce niveau Emma Watson n’est pas à la hauteur à mon sens. Son interprétation est bonne, mais on ne la retiendra pas pour ce film, c’est évident.
Gaston
Passons à Gaston ! Bon, là ça va être un jugement plus personnel pour le coup. Dans mon esprit Luke Evans a toujours été le good guy beau gosse du Hobbit avec sa superbe interprétation de Bard. Le faire passer pour une pauvre tache prétentieuse n’allez donc pas être évident. Et en effet, ça n’a pas pris sur moi ! A chaque fois qu’il passait à l’écran je ne ressentais pas cette virilité, ce côté macho, cette bêtise au quotidien… Son sidekick LeFou est juste devenu son meilleur pote alors qu’il n’était qu’un sous-fifre dans le film de 1991 que Gaston prenait plaisir à frapper, mordre et balancer de tous les côtés. Normalement c’est sa chanson « Gaston » qui devrait le révéler sous son vrai jour, mais là le rendu n’est pas top, même si la chanson est superbe. Gaston se bat au fleuret avec ses compagnons et on retrouve juste un côté beau guerrier sympathique au lieu du gros bourrin débile qui frappe ses admirateurs à tour de bras.
Son côté fier comme un coq n’est pas assez mis en avant à mon goût, il fait très rarement la démonstration de sa force et quand il attaque la Bête à la fin du film, il y va au pistolet et non pas au couteau et au corps à corps comme dans le Disney. Bon, après il arrive quand même à passer pour un connard avec le traitement qu’il inflige à Maurice, mais on tombe plus dans le lamentable et pitoyable connard que dans le pauvre con (et la différence est là !). On sent vraiment que l’acteur s’amuse dans la peau de son personnage. En même temps, comment le blâmer ! Les films Disney lient toujours comédies et histoires à portée sérieuse, je comprends donc l’ambiguïté du jeu d’acteur.
La Bête
Alors là, pour la Bête, c’est encore une autre histoire ! Bon, au niveau design, ce n’est pas si mal. Même si j’aurais bien aimé voir un peu plus son côté bestial, avec de beaux crocs et défenses, des poils qui partent dans tous les sens et le voir marcher à quatre pattes, le résultat est quand même plutôt bien. Mais au niveau caractère, cette bestialité manque vraiment ! Dans le film de 1991 quand la Bête se mettait en colère on était tous vraiment effrayé, elle rugissait à moitié, ses paroles étaient marquantes et on sentait vraiment sa profonde rage intérieure. Spécifiquement dans la scène où Belle entre dans l’aile l’ouest et découvre la rose. La Bête s’en rend compte et entre dans une folle colère destructrice, il gueule comme pas possible sur la pauvre Belle « SOORTEZ ! » et pète un câble sur les bouts de meubles qu’il reste dans la pièce saccagée. Belle, en panique totale, prend son cheval et se casse du château en vitesse. Dans la version 2017, déjà la salle de la rose est impec et complètement vide, et la Bête pousse un tout petit « Sortez », à peine crédible, et on ne comprend pas vraiment la raison de la fuite de Belle.
Et alors, il y a vraiment un élément qui m’a vraiment beaucoup contrarié : quand il rencontre la créature enchanteresse au début du film, le Prince est déjà un homme fait ! Et du coup, ça chamboule absolument toute l’histoire !! Dans le Disney de 1991, le Prince n’était qu’un petit garçon, égoïste et pourri gâté certes, mais rien qu’un petit garçon. Il n’avait donc en aucun cas fini son éducation, et n’avait jamais appris à connaitre les femmes. D’où le challenge de séduire Belle ! Il ne connait absolument rien aux femmes, et on sent alors toute la maladresse, toute la gêne en lui, quand il tente de s’en rapprocher. Et c’était un point très important du film ! Dans la version 2017, le Prince a déjà goûté au plaisir sexuel, à la séduction (on le voit rien que dans la première scène de danse), il sait y faire avec les femmes. Alors certes, il passe un sacré moment tout seul dans son château sans personne à séduire, mais techniquement il sait comment ça marche. On n’aura donc pas dans ce film de la remise en cause de la part de la Bête, de la touchante maladresse et des faux-pas assez drôles qui nous régalaient en 1991. Et c’est pour ça que les scènes du repas et de la danse perdent toute la portée du film d’origine, ce n’est finalement plus qu’une simple démonstration de séduction déjà maîtrisée. L’émotion et le challenge sont donc moins présents.
La fin du film
Bon, on finit sur le dernier point que je n’ai vraiment pas aimé, et après on passe à ce qui m’a beaucoup plu, promis ! Et vraiment, cette fin ce n’était pas ça du tout ! Replaçons-nous dans le contexte. Gaston a porté plusieurs coups à la Bête avant de tomber dans le vide. La créature ne s’en remet pas et s’écroule, mourante. Belle se jette sur elle et pleure à chaudes larmes tout en lui avouant son amour. Jusque-là tout va bien, rien de choquant. Mais alors Yaoutch ! Devinez ce que fait Belle : elle embrasse la Bête !!! Belle embrasse une créature poilue et morte, par amour !!! Non mais sérieusement quoi ? Vous aviez vraiment cru que Belle avait développé un désir sexuel pour la Bête ? Vraiment ?? C’est du grand n’importe quoi ça ! Pardon je m’emporte mais c’est la vérité quoi. Belle « aime » la Bête d’un amour véritable, tout à fait d’accord, mais en aucun cas d’un amour de désir et de passion sexuelle ! Belle le dit clairement à Gaston : « Il est mon ami ! », en aucun cas la créature n’est un amant pour elle, ou même la perspective de devenir un amant dans son esprit. Elle a trouvé en la Bête un ami qui la comprend, avec qui elle partage des passions communes, et qui ne s’attarde en aucun cas sur son apparence physique mais sur qui elle est réellement. En aucun cas elle ne pense coucher avec cette créature, ou même l’embrasser. Ça reviendrait en quelque sorte à éprouver du désir pour une apparence animale (et donc on se rapproche, malheureusement et inévitablement, un peu de la zoophilie), ce que le dessin-animé avait complètement évité. Alors en effet oui, Belle embrasse le Prince une fois retransformé, mais parce qu’il est canon ! Tout en conservant sa beauté intérieure que Belle appréciait, la Bête s’est vu redonner son apparence physique d’origine. Là d’accord, l’amour profond peut se lier à la passion sexuelle, pas de problèmes, mais en aucun cas avant !
Bon, voilà, j’ai fini avec les petits points négatifs, passons maintenant à ce que j’ai vraiment apprécié dans cette œuvre !
Les designs
Alors là, franchement je tire mon chapeau !! Les designs et animations des objets anthropomorphes servants du château sont juste bluffant ! Lumière est vraiment magnifique ! On sent qu’ils se sont vraiment concentrés sur lui, et le résultat est splendide ! Les détails sont ahurissants, et ils ont vraiment tout fait pour le mettre en valeur. Pareil pour Big Ben (doublé avec grand surprise par Ian Mckellen) ! De même encore pour Plumette, l’amante de Lumière, qui a une jolie forme de colombe ! On retrouve l’armoire chanteuse d’opéra, très bien réussie elle aussi, qui a une jolie histoire d’amour avec un piano (au top également), qui fait un joli clin d’œil au deuxième volet Disney de la Belle et la Bête avec son méchant Maestro (ne regardez pas ce film, c’est une des pires suites Disney !). J’ai quelques réserves Madame Samovar, en même temps l’objet en question ne s’y prête pas vraiment. Mais vraiment, le choix de mettre le visage sur un côté de la théière au lieu de le mettre au centre avec le bec comme nez, ne rend vraiment pas très bien. Mais sinon, impec !
Les décors
Entre le somptueux château, ses magnifiques jardins, la forêt angoissante et le village plein de vie, tous les décors sont vraiment géniaux et font bien rêver ! Bon peut être que le village était un peu trop bondé pour l’époque, mais bon, là je chipote. Toutes les chansons sont accompagnées de superbes plans et on en prend plein la vue !
Les chansons
Là je dis oui, oui et encore oui ! Même si les petits changements de paroles font parfois des couacs dans nos esprits de nostalgiques Disney, toutes les chansons sont juste magnifiques !! J’ai eu des frissons sur quasiment toutes les musiques chantées ! Alan Menken refait son boulot à la perfection ! On retrouve toutes les chansons du Disney d’origine (à part « Etre humain à nouveau », mais ce n’est pas plus mal) pour notre plus grand bonheur, et en plus on a même le droit à de nouvelles créations : celle du passé de la Bête, celle de la Bête qui exprime son amour à Belle… Vraiment top ! Et puis il faut dire que les chanteurs principaux, Emma Watson, Luke Evans et Dan Stevens, se débrouillent vraiment bien ! Chapeau !
La complicité Belle/Bête
J’ai beau avoir critiqué certains aspects des personnages principaux, il n’en reste pas moins de superbes moments de complicité entre la Belle et la Bête. Quand la créature s’ouvre à sa belle et lui avoue sa passion pour la lecture, on voit les yeux de Belle pétiller de vie et d’enthousiasme. La scène du repas et de la fameuse façon de boire sa soupe est bien sympathique. Mention spéciale au passage dans les jardins. Les tourtereaux ne nourrissent pas les oiseaux ici, mais caressent le cheval de Belle. La Bête va s’ébrouer en même temps que celui-ci, pour l’amadouer, et ça rend vraiment très bien. Et alors après on a le fameux passage de la boule de neige ! Dans le Disney de 1991, Belle mitraille la Bête de boules de neige. En réponse la Bête lui en prépare une grosse, mais finalement se la prend lui-même sur la tête. Mais alors dans cette version, Belle se reçoit cette grosse boule de neige en pleine poire et le résultat est juste hilarant !
Les petits changements
Je ne suis pas du tout contre les changements, tant qu’ils sont bien faits et ne dénaturent pas le film d’origine. Et en effet, cette version propose des changements très sympathiques. Le personnage de LeFou par exemple, il était juste débile et inutile en 1991, et le voilà vraiment personnage entier avec un rôle d’importance en 2017. On retrouve l’histoire de base de Madame Leprince de Beaumont, avec Belle qui demande à son père de lui rapporter une rose du marché, et ça c’est cool ! La petite histoire d’amour impossible entre l’armoire à glace et le piano est vraiment sympa, d’ailleurs le personnage du maestro est bien géré, et il donne lieu à un super gag à la fin du film (le coup des dents perdus à l’instar des touches du piano manquantes). En parlant des servants du château, la version 2017 nous indique qu’une fois le dernier pétale de rose tombé, ils se figeront en objet pour l’éternité, ce qui n’était pas du tout le cas en 1991 (du moins ça n’était jamais expliqué de la sorte). Du coup ça donne vraiment un côté tragique à la malédiction et à son aboutissement, et c’est top ! En plus, la chute des pétales s’accompagne de l’effritement du château, et ça rend vraiment très bien. Et puis pour finir, il y a ce livre magique qui permet à la Bête de voyager où elle le désire. Ça permet alors à Belle et le Bête de faire un petit tour à Paris et d’approfondir le passé de Belle et la mort de sa mère. Ce qui n’est pas inutile puisque ça renvoie directement à la mort de la mère de la Bête lors de sa jeunesse (encore un nouvel ajout) et approfondie à nouveau cette complicité entre les deux personnages.
Voilà, je crois avoir fait le tour de tout ce qui me tenait à cœur. Un film que je vous conseille donc si vous êtes fan de l’original, malgré ses petites faiblesses ! Passez un bonne séance et revivez avec passion les grands moments du film !
Retrouvez cette critique dans son intégralité (photos, vidéos, anecdotes...), ainsi que plein d'autres surprises, sur mon blog : https://jadooore.wordpress.com/2017/03/27/avis-a-chaud-la-belle-et-la-bete/