Histoire de planter le décor avant d'aller plus loin dans la critique de cet énième remake de ce couple singulier (qui s'aime au-delà des apparences, etc.), sachez que je suis allée à cette séance à reculons parce que : 1/ Emma Watson, malgré ses 27 ans, ressemble toujours à une gamine et, de fait, la retrouver face à un adulte bien prononcé (si je puis dire), ça me file plus la nausée que des guilis dans le ventre ; et 2/ parce que j'ai appris peu de temps après sa sortie que c'était une comédie musicale et que ce genre de film, avec moi, ça passe ou ça casse (et ça casse plus souvent que ça ne passe). Finalement, j'y suis allée surtout parce que j'avais des places de cinéma à dépenser avant fin mai...
Première constatation : effectivement, ça chante. Beaucoup. Tout le temps quasi, en fait. Certaines sont des redites presque conformes aux chansons du dessin animé (presque seulement puisqu'il y a eu des rajouts ou des modifications de texte, juste ce qu'il fallait pour alourdir ces passages déjà bien pesants ou pour me hérisser le poil parce que cette décision revenait à un piétinement en règle des chansons de mon enfance). Les autres sont des ajouts par rapport à l'œuvre de 1991 qui sont globalement là pour combler les trous laissés par des dialoguistes en grève.
Deuxième constatation : c'est un beau film en fait. Esthétiquement, ça s'admire sans problème, même si on ne remerciera jamais assez les écrans verts. Je dois même avouer que, comme la gamine qui n'a pas arrêtée de papoter à côté de moi en mangeant son Kinder Bueno, j'ai bavé sur la robe de bal de Belle. Ceci étant, il a tout de même au moins un détail qui m'a chiffonnée pendant tout le film : les dents de la Bête qui apparaissent et disparaissent d'un plan à l'autre. C'est trois fois rien, mais ça suffit pour se prendre la tête dans les mains.
Troisième constatation : je reviens sur les dialogues. Je ne sais pas quel âge avai(en)t la ou les personnes en charge d'écrire ces lignes de texte mais, s'il vous plaît, ne le laissez plus jamais approcher un ordinateur ou une feuille de papier. C'était navrant. En fait, hormis les répliques issues en droite ligne du dessin animé d'origine, tout le reste était d'un niveau d'école maternelle ou s'écrasait lamentablement au sol sans arracher ni sourire ni larmes (ou alors de désespoir). Tout simplement pathétique.
Quatrième constatation : le scénario. Bah... c'est celui du dessin animé, tout simplement. Pas besoin de chercher très loin, les trois quarts de l'histoire sont un copier-coller de l'œuvre de Gary Trousdale et Kirk Wise. Point. Ensuite, il y a bien quelques ajouts, notamment sur les raisons de la froideur du Prince et sur l'absence de la mère de Belle. Pour le reste, rien de nouveau sous le soleil. Et c'est un mauvais point pour ce film qu'on ne peut donc s'empêcher de comparer avec sa première version qui l'enfonce aisément dans les bas-fonds du septième art.
Cinquième constatation : les acteurs. En fait, je vais être magnanime de ce côté-là puisque je pense qu'on leur a demandé de jouer comme ils l'ont fait : c'est-à-dire, comme dans le dessin animé. Le problème, c'est que ce qui passe dans un film d'animation (avec son lot d'exagération j'entends), ça passe beaucoup moins bien en film. Quelque part, lorsque l'on voit un personnage joué par un acteur ou une actrice, on fait forcément le rapprochement avec la vie réelle. Et force est de constater que des êtres comme Gaston ou Le Fou, ça n'existe pas. La plupart des personnages ici n'ont qu'une seule facette à leur personnalité, sur laquelle on s'appesantit bien lourdement, sans développer le reste. Et ça, pour moi, ça ne fonctionne pas.
En conclusion, j'ai eu l'impression d'avoir un bis repetita de La Reine des Neiges avec ce trop plein de chansons niaises, ces incohérences (sans vouloir paraître raciste, qu'est-ce que tous ces noirs font ici ?) et cette absence de dialogues plausibles, conjugué à une direction d'acteurs catastrophique et des scénaristes en vacances. Seul l'esthétisme du film sauve cette nouvelle adaptation du naufrage complet.