Voir le film

Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait de critique, je le reconnais… Mais pour ce retour, je me permets d’attaquer le dernier-né des studios Disney vu en avant-première, à savoir l’adaptation live de La Belle et la Bête. Ceux qui me suivent connaissent ma position en ce qui concerne l’entreprise des producteurs à vouloir reprendre tous leurs grands dessins animés, je ne ferai donc pas l’affront de me répéter en critiquant une nouvelles fois cette ambition purement commerciale et dégradante envers les œuvres d’origine. Cependant, malgré quelques défauts non négligeables, je dois bien avouer que les deux derniers films en date ne m’avaient pas laissé indifférent : Le Livre de la Jungle, une relecture plus sombre et spectaculaire du film d’animation, et le remake de Peter et Elliott le Dragon, une véritable surprise aux allures spielbergiennes. J’avais donc un petit sursaut d’espoir pour les futurs projets de la firme, et notamment cette version de La Belle et la Bête, qui avait déjà bien du cachet sur le papier. Au final, le résultat se révèle être hautement sympathique, voire même féérique. Juste un détail au compteur qui, malheureusement, ne lui permet pas d’être inoubliable…


Il n’y a pas à dire : les studios Disney ont visé très haut avec cette adaptation ! Et pour cause, tout dans le film reflète le fait que son budget mirobolant (à savoir un coût de 160 millions de dollars hors marketing) ait été utilisé avec savoir-faire. Bien qu’il plonge souvent dans la facilité visuelle (comme les dernières productions de ce genre) via une orgie d’effets numériques, le film se plait à nous présenter de somptueux décors et costumes, très agréables pour la rétine. Une production design qui envoie du rêve de par sa générosité mais aussi une ambiance musicale aux petits oignons. Cette dernière offre, en effet, des compositions enchanteresses et également des séquences chantées/chorégraphiées qui rappellent l’époque du vieil Hollywood. Avec en prime des comédiens qui se prêtent avec plaisir au jeu sans toutefois oublier d’offrir à leur rôle respectif une caractérisation digne de ce nom (notamment Josh Gad, qui donne au personnage de LeFou une complexité des plus inattendues), La Belle et la Bête a vraiment tout ce qu’il faut pour un être un blockbuster familial de très grand ampleur et superbement rythmé, au point de marquer les esprits
.
Malheureusement, cela ne se présentera pas de la sorte à cause de l’aspect copié-collé du dessin animé qui se dégage du projet. Attention, je ne parle pas d’un film qui reprend les grandes lignes de l’œuvre d’origine ! Il est évident que, quand ce Belle et la Bête se présente à nous comme une adaptation live du long-métrage d’animation, des personnages qui lui sont propres (notamment les domestiques du prince transformés en objets, ou bien l’antagoniste qu’est Gaston) se retrouvent ici. Il est aussi normal que le film reprenne certains pans scénaristiques de l’original. Mais si des personnes criaient déjà au remake inutile après avoir vu Le Livre de la Jungle, ils vont littéralement tomber des nus devant celui-là : au-delà de ce côté copié-collé, La Belle et la Bête version 2017 est sans conteste la copie conforme du dessin-animé ! Les décors, les costumes, les chansons (toujours écrites et composées par Alan Menken et Tim Rice), les musiques, les répliques, les plans… tout est reproduit à l’identique (jusqu’au porte-manteau jouant du violon !), comme si le réalisateur Bill Condon et les studios n’avaient voulu prendre aucun risque vis-à-vis de cette adaptation.


Et quelque part, cela gêne énormément au visionnage du fait que le film n’ait rien de neuf à nous offrir, ni de quoi nous surprendre. Il y a bien quelques apports non négligeables comme un flashback sur Belle (ce qui permet d’approfondir le personnage et de le rendre bien plus intéressant), mais la plupart ne sont là que pour meubler. Notamment les nouvelles chansons, qui n’arrivent pas à la cheville des anciennes. Ou encore certains protagonistes secondaires comme un clavecin, ne servant que de romance dispensable à un autre personnage déjà présent dans le dessin animé (en l’occurrence l’armoire). Sans oublier quelques modifications, trop mineures pour changer la donne (le père de Belle créant des pendules et n’étant pas inventeur, la façon dont Gaston l’envoie à l’asile…). L’exemple le plus flagrant étant l’orientation sexuelle de LeFou. Non pas que cela soit un mal d’avoir un personnage gay, au contraire ! En faisant cela, les studios Disney font un pas de plus, loin de leur aspect « vieille école » qu’ils cherchent à faire évoluer depuis déjà bon nombres de long-métrage (le racisme avec La Princesse et la Grenouille, les notions de princesses et d’amour de Raiponce au récent Vaiana…). Il est cependant dommage que cet apport ne serve pas le personnage en lui-même mais plutôt les situations comiques (les gens riaient plus qu’autre chose à ces moments-là). Ce qui est un chouïa gênant et insultant.


Jusque-là, vous vous direz sans doute que ce qui m’a le plus importé en voyant ce film, c’est le comparatif avec le dessin animé. Et vous n’auriez pas tort ! Mais pour être le plus objectif possible, je n’ai pas grand-chose à dire sur La Belle et la Bête, si ce n’est que le film remplit son cahier des charges avec suffisamment de savoir-faire et de générosité (bien que restant hautement impersonnel) pour toute la famille. Qu’il amusera et émerveillera autant les enfants que leurs parents. Et surtout qu’il efface d’un revers de la main les films précédents (Alice au Pays des Merveilles, Maléfique et Cendrillon). Sans oublier le fait qu’il retranscrit à merveille cet univers de papier en réalité (bien que la version numérique de la Bête ne se montre pas assez impressionnante, il faut bien l’avouer). Le problème reste cependant le même : pour apprécier pleinement ce film, il est impératif de ne pas avoir vu le dessin animé qui, rappelons-le, est le premier seul long-métrage d’animation à avoir concouru pour l’Oscar du Meilleur film (le second étant Toy Story 3). Les gens dans ce cas-là (et ils sont peu nombreux) en auront pour leur argent, les autres y verront une retranscription sympathique mais sans surprise et inutile au possible.

Créée

le 18 mars 2017

Critique lue 875 fois

7 j'aime

2 commentaires

Critique lue 875 fois

7
2

D'autres avis sur La Belle et la Bête

La Belle et la Bête
Behind_the_Mask
6

Remake, magie et embonpoint

Chacun a sa petite opinion sur cette série de remake live entamée par la souris aux grandes oreilles. Si vous me lisez régulièrement, vous savez ce que pense le masqué, qui a pu certainement paraître...

le 27 mars 2017

47 j'aime

8

La Belle et la Bête
Tonto
6

Bis repetita placent. Quoique...

Bon, d'habitude, je résume l'histoire, mais là, je crois que je peux vous l'épargner, vous auriez l'impression que je vous prend pour des incultes... Là voilà donc, la fameuse adaptation de La Belle...

le 23 mars 2017

41 j'aime

9

La Belle et la Bête
reastweent
5

Si c'est pas baroque, c'est du toc !

ATTENTION SPOILERS Inutile de s’encombrer d’une énième critique de la politique de la firme aux longues oreilles qui, au lieu de se consacrer à des projets neufs et inédits, semble plus que jamais...

le 24 mars 2017

28 j'aime

4

Du même critique

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
sebastiendecocq
8

Un coup dans l'eau pour la future Justice League

L’un des films (si ce n’est pas LE film) les plus attendus de l’année. Le blockbuster autour duquel il y a eu depuis plusieurs mois un engouement si énormissime que l’on n’arrêtait pas d’en entendre...

le 28 mars 2016

33 j'aime

1

Passengers
sebastiendecocq
5

Une rafraîchissante romance spatiale qui part à la dérive

Pour son premier long-métrage en langue anglophone (Imitation Game), Morten Tyldum était entré par la grande porte. Et pour cause, le cinéaste norvégien a su se faire remarquer par les studios...

le 29 déc. 2016

29 j'aime

La Fille du train
sebastiendecocq
4

Un sous-Gone Girl, faiblard et tape-à-l'oeil

L’adaptation du best-seller de Paula Hawkins, La fille du train, joue de malchance. En effet, le film sort en même temps qu’Inferno (à quelques jours d’intervalles), un « Da Vinci Code 3 » qui attire...

le 28 oct. 2016

28 j'aime

4