La Belle et le Clochard
5.5
La Belle et le Clochard

Film VOD (vidéo à la demande) de Charlie Bean (2019)

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À la différence du récent Roi Lion qui, en délaissant les prises de vue réelles pour leur préférer le tout-numérique dommageable, empêchait l’émotion de naître à l’écran, La Belle et le Clochard prouve qu’en dépit de l’entreprise de conversion artistique dans laquelle il s’inscrit – entreprise hautement contestable, mais là n’est pas la question –, il faut du concret pour donner vie à l’abstrait. Les coups de crayon ne sont hélas plus d’actualité, sauf dans quelques productions indépendantes dont Disney semble résolument étranger. Or, la pratique de live action reproduit quelque chose de ce genre, met en tension deux supports dont les aspérités résultant de leur fusion impossible s’offrent au spectateur comme un bastion d’authenticité. Cela revient à énoncer un paradoxe : plus saillant est l’artifice – dans les règles de l’art – et plus grande est l’immersion. Alice au pays des merveilles l’a prouvé il y a peu, tout comme Jean-Christophe et Winnie. La magie ne résulte pas de la perfection atteinte – si tant elle qu’elle le soit – mais bien des bigarrures qu’elle provoque dans l’image qui la cherche.


Car les chiens, les chats et tous les autres animaux ici recomposés numériquement ne font pas longtemps illusion : c’est faux et ça se voit. Et alors ? Le film en souffre-t-il ? Nullement. La Belle et le Clochard cuvée 2019 réussit son pari initial, à savoir divertir et émouvoir, grâce à un équilibre parfait entre l’esprit d’aventure et l’intimiste : la fluidité de sa mise en scène embarque le spectateur dans un récit qu’il connaît certes déjà, mais qu’il a plaisir à voir se déplacer de l’animation pure dans une zone frontalière où les prises de vue réelles sont complétées par le numérique. Le long plan-séquence d’ouverture affirme d’emblée l’artifice à l’œuvre et la magie qu’il saupoudre sur une relecture inutile peut-être, trop sage sûrement, tendre à n’en pas douter. Loin de prolonger la réflexion entamée par l’œuvre originale, le film se contente de remettre en forme, de revigorer le dessin-animé à l’heure du me too – médecin asiatique, femme afro-américaine, mari blanc : le compte est bon – pour jouir à son tour de la poussière de fée apte à engendrer rêverie et émotion. Le spectateur trouve dans les approximations et les imperfections ce qu’il lui faut de fragilité pour y investir, en retour, sa propre sensibilité.


Derrière sa linéarité et ses ambitions artistiques somme toute limitées, La Belle et le Clochard diffuse une authenticité et une simplicité qui réchauffent le cœur, aidé en cela par la très belle partition musicale de Joseph Trapanese. À ne pas bouder.

Créée

le 17 nov. 2019

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