L'insoutenable lourdeur de l'être (humain)

Un exemple adéquat d'un message des plus simples qui pourrait être transmis à chacun ; un conte utopique quant à une possible renaissance de l'humanité, prise subitement de conscience & de curiosité naturelle à propos d'une chose qu'on ne cesse plus de dénigrer tant notre confort a enseveli nos perceptions de la réalité : la vie.
Serreau délivre une histoire brève, piochant volontairement la carte de la candeur pour la compréhension de tous. Elle reste très modeste & n'impose sa vision à personne, tentant seulement d'éveiller jusqu'aux esprits les plus profondément assoupis, désirant leur rappeler qui ils sont vraiment, & d'où provient ce malaise mondial qui décompose l'humanité depuis si longtemps.
J'ai été particulièrement touché par ce film qui se veut révélateur tout en restant divertissant. On se laisse bercer par les fantaisies imaginées par la réalisatrice, on est reposé, paisible, tout en sachant faire la part des choses. Puis, après un tel film, on se laisserait presque aller à un engourdissement total, désirant se délecter à jamais du phare restrictif & si complexe dont on est à la fois les victimes & les collaborateurs ; seulement, on risque de se faire rattraper par le tourment des futilités quotidiennes & se faire happer encore plus violemment par la masse du sommeil imposé par "l'art de la propagande" industrielle. Le plus difficile à notre époque, c'est de garder un oeil ouvert pour se relier à nos dernières traces instinctives, tandis que l'autre se repose dans le nid douillet de l'insouciance & du laissez-faire populaire. On a beau dire que ce genre de discours prône un socialisme intempestif, des idées "hippies" ; mais ce sont typiquement les paroles de ceux qui n'ont pas compris le message, ou bien s'en foutent éperdument, ou bien acceptent leur condition, ou bien se laissent gagner par l'égo. Tant de raisons de se sentir offusqué par ce genre de discours, & pourtant, comme dit précédemment, c'est un discours à propos de la vie, de notre essence, & en cela j'aimerais parfois qu'on puisse redéfinir des mots comme "naïveté", "niaiserie", "connerie", ceux dont on assène les réalistes, les naturalistes, afin de les contextualiser.
"La Belle Verte", un film léger & envoûtant, saisissant & pourtant si évident, à ajouter à ma collection d'oeuvres engagées.
Satané
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 6 mars 2013

Critique lue 3.5K fois

24 j'aime

Satané

Écrit par

Critique lue 3.5K fois

24

D'autres avis sur La Belle Verte

La Belle Verte
Tartinovski
1

Quel est le pire moyen d'imposer ses idées ?

Ah tiens on m’en a pas mal parlé de ce film, il paraît que c’est super sympa. Ouais c’est ce qu’on m’avait dit aussi… Et allez, nouvelle complainte dans 3, 2, 1… Non je suis pas d’humeur à déconner...

le 30 juin 2015

24 j'aime

3

La Belle Verte
Satané
7

L'insoutenable lourdeur de l'être (humain)

Un exemple adéquat d'un message des plus simples qui pourrait être transmis à chacun ; un conte utopique quant à une possible renaissance de l'humanité, prise subitement de conscience & de curiosité...

le 6 mars 2013

24 j'aime

La Belle Verte
takeshi29
1

Bête à manger de l'herbe...

Vous savez quoi ? "La terre, elle est jolie et l'homme, il est méchant et il fait rien qu'à l'abîmer et la détruire, et c'était mieux avant parce que l'homme il était plus gentil et il respectait la...

le 30 mars 2012

22 j'aime

19

Du même critique

Utopia
Satané
4

Légère déception

Si les premiers instants de la série "Utopia" étaient surprenants & d'une authenticité indéniable, il ne lui a cependant pas fallu très longtemps pour déchanter. S'étalant sur six malheureux...

le 21 févr. 2013

52 j'aime

8

Elephant
Satané
4

Cinéma indépendant : expérimentation ou fainéantise ?

C'est ce que je me demande. Ce film est chiant. Même s'il dure à peine plus d'une heure, on s'ennuie, on est las dès le début, car chaque scène est très lente. Heureusement qu'on n'est pas devant un...

le 11 sept. 2011

41 j'aime

12

Pokémon Green
Satané
10

Ma toute première prise de drogue

"Pokemon Green" n'est pas le premier jeu-vidéo auquel j'ai joué, mais il s'agit quand même de mon initiateur au monde geek. Je suis né en 1991, & à l'époque, j'habitais dans le Pas-de-Calais. Entre...

le 30 août 2011

38 j'aime

11