L'insoutenable lourdeur de l'être (humain)

Un exemple adéquat d'un message des plus simples qui pourrait être transmis à chacun ; un conte utopique quant à une possible renaissance de l'humanité, prise subitement de conscience & de curiosité naturelle à propos d'une chose qu'on ne cesse plus de dénigrer tant notre confort a enseveli nos perceptions de la réalité : la vie.
Serreau délivre une histoire brève, piochant volontairement la carte de la candeur pour la compréhension de tous. Elle reste très modeste & n'impose sa vision à personne, tentant seulement d'éveiller jusqu'aux esprits les plus profondément assoupis, désirant leur rappeler qui ils sont vraiment, & d'où provient ce malaise mondial qui décompose l'humanité depuis si longtemps.
J'ai été particulièrement touché par ce film qui se veut révélateur tout en restant divertissant. On se laisse bercer par les fantaisies imaginées par la réalisatrice, on est reposé, paisible, tout en sachant faire la part des choses. Puis, après un tel film, on se laisserait presque aller à un engourdissement total, désirant se délecter à jamais du phare restrictif & si complexe dont on est à la fois les victimes & les collaborateurs ; seulement, on risque de se faire rattraper par le tourment des futilités quotidiennes & se faire happer encore plus violemment par la masse du sommeil imposé par "l'art de la propagande" industrielle. Le plus difficile à notre époque, c'est de garder un oeil ouvert pour se relier à nos dernières traces instinctives, tandis que l'autre se repose dans le nid douillet de l'insouciance & du laissez-faire populaire. On a beau dire que ce genre de discours prône un socialisme intempestif, des idées "hippies" ; mais ce sont typiquement les paroles de ceux qui n'ont pas compris le message, ou bien s'en foutent éperdument, ou bien acceptent leur condition, ou bien se laissent gagner par l'égo. Tant de raisons de se sentir offusqué par ce genre de discours, & pourtant, comme dit précédemment, c'est un discours à propos de la vie, de notre essence, & en cela j'aimerais parfois qu'on puisse redéfinir des mots comme "naïveté", "niaiserie", "connerie", ceux dont on assène les réalistes, les naturalistes, afin de les contextualiser.
"La Belle Verte", un film léger & envoûtant, saisissant & pourtant si évident, à ajouter à ma collection d'oeuvres engagées.
Satané
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le 6 mars 2013

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