Attention spoil !


Nous sommes dans une institution psychiatrique, le récit est construit autour de la disparition du docteur Lawrence, notamment le récit mais aussi le jeu auquel nous invite Michael le dernier patient de celui-ci à l'avoir vu. Le déroulement s'effectue à huit-clos dans le bureau du médecin disparu : le docteur Green tente de comprendre ce qui a bien pu se passer au cours de la dernière séance de son collègue pour qu'il disparaisse ainsi sans prévenir quiconque. Michael va alors manipuler le docteur entre mensonge et vérité pour l'inviter dans son jeu dont il est le seul maître avant de retrouver (ou plutôt de trouver) à jamais sa liberté. En effet, depuis quatre ans il est enfermé entre les mûrs de cet hôpital après avoir laissé mourir sa mère sous ses yeux sans tenter de lui porter secours, précisons qu'il avait parfaitement conscience de ce qu'il devait faire pour tenter de la garder en vie, jeune âge ou non. Il l'a délaissée comme elle a délaissé son enfant pour sa profession. Son père ? il n'était pas fait non plus pour devenir parent, d'ailleurs il ne le désirait pas ce garçon. Michael l'a vu une fois lorsqu'il était petit garçon, c'était en Afrique et il en a été marqué à jamais et pas positivement. C'était un de ces braconniers sans âme, un de ces braconniers qui ce jour-là a abattu un éléphant devant son fils de même pas dix ans. Ce qui fût un trophée pour papa fût une douleur terrible pour ce petit garçon. En tant que fou mais fou intelligent manipulateur, Michael va se servir de ce douloureux souvenir pour faire appel à l'émotion chez le docteur Green pour jouer toujours plus afin de rester maître de la partie et de détourner son interlocuteur de la raison qui le pousse tant a vouloir obtenir du chocolat. Grâce cette boîte de douceurs (mortelle) du docteur Lawrence (qui éprouve de l'amour à son égard mais pas comme il le souhaiterait), il va définitivement se libérer de ses chaînes (nous parlons bien évidemment de cet hôpital mais aussi de cette folie née d'une enfance douloureuse et d'un grand manque d'amour). Le jeu qu'il a créé au tour du départ précipité du docteur Lawrence au chevet de sa sœur n'est autre que sa dernière partie et un accès malin au produit de sa délivrance. Ce synopsis fonctionne bien, tiré d'une pièce de théâtre, il se déroule à huit-clos. Ce détail fait la particularité du film et appuie sur l'enfermement du personnage principal (joué de manière magnifique par Xavier Dolan qui fait de lui un fou manipulateur au visage d'ange, un fou plein de charisme). En revanche on aurait volontiers apprécié que cette partie engagée aille plus loin, même si le psychiatre semble se prendre à l'énigme instaurée par Michael (en tous cas ça l'intéresse plus que sa famille une veille de noël), on aurait adoré un dialogue plus riche de sa part et un trouble plus profond avec une manipulation plus appuyée encore. Il manque malheureusement quelque chose pour que le film soit plus prenant et original mais il se regarde avec intérêt malgré tout avec des plans filmés de manière classique mais agréable et une belle luminosité. Je précise que la fin est bien amenée, en subtilité. On s'y attend de plus en plus, on a peur de comprendre la suite (on s'attache à cet homme fou mais brillant) et vient la triste fin, triste parce qu'on aurait voulu que ça dure, mais avant tout une réelle libération pour Michael.


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Cindy-Mtvrn
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le 29 août 2016

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Cindy Mtvrn

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