Jolie découverte cette chevauchée des Bannis. Un western atypique de par son environnement immédiat, fait d'une neige à perte de vue, dont la nature meurtrière n'est pas sans rappeler l'excellent Le grand silence de Corbucci. C'est dans cette atmosphère d'une solitude extrême que va se dérouler un presque huit clôt claustrophobique où des guerres de moralité se jouent à travers le parcours de personnages très différents. Ce qui est intéressant avec ce western de De Toth, que je découvre d'ailleurs avec cet excellent film, c'est que rien n'est tout noir ou tout blanc. On sent en effet le cinéaste intéressé par la nature humaine de ses protagonistes, il se garde donc bien de les rendre trop manichéens. Bien entendu, on retrouve certaines crapules irrécupérables propres au genre, mais la plupart des autres personnages ont une ambivalence qui donne du poids au récit, à l'image d'un héro tout sauf vertueux, qui profitera d'une descente dans sa ville de mercenaires endurcis, aux intentions douteuses, pour se remettre en question.

La chevauchée des bannis est un film qui impressionne, à plusieurs niveaux. Si l'atmosphère polaire ambiante laisse supposer un tournage dantesque, on ne peut qu'être admiratif devant le rendu de certaines séquences. La photo y est très belle et maîtrisée, le réalisateur et son chef opérateur utilisent en effet les rendus graphiques particuliers que génèrent les changements climatiques dans ces régions hostiles, pour donner à leurs images une plus-value évidente. La conséquence de cette exploitation du naturel est que l'on croit vraiment aux ambiances rugueuses que l'on nous présente et toute la dernière partie donne envie de sortir le blouson du placard, tant on subit le froid avec la difficile progression des acteurs à l'écran.

Mais réduire La chevauchée des bannis à un travail d'ambiance et une belle adaptation en milieu enneigé serait un peu court, Il se révèle en effet bien plus riche que cela. On y trouve par exemple un casting dirigé d'une main de maître, Ryan est convainquant en cowboy qui a bourlingué en pleine introspection tandis que Burl Ives campe un ancien haut gradé de l'armée avec classe. L'atout charme du film est de toute beauté en la présence de la sublime Tina Louise qui apporte un peu de douceur dans un western d'une noirceur extrême et d'un désespoir profond. L'apothéose de ces sentiments étant atteinte lors d'une dernière partie fatale où la nature scellera le destin des trop hardis ayant voulu l'affronter sans y être préparés.

Un western à part et sublime dont certaines scènes restent en tête, comme ce bal d'un glauque ultime où les femmes passent frénétiquement dans les bras d'hommes qui peinent à maîtriser leurs pulsions. Une séquence étouffante, sublimée par la réalisation inspirée de De Toth. En bouleversant les codes habituels du genre, le cinéaste empêche le spectateur d'user de certains repères pour reprendre une bouffée d'air et les étouffe sans vergogne. Un chouette moment, une belle oeuvre qui donne envie de creuser le travail d'un réalisateur qui a l'air de savoir mener sa barque.
oso
8
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le 29 mars 2014

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oso

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