En 2013, les Américains avaient préféré voter au cinéma pour les Républicains (Olympus has Fallen) que pour les Démocrates (White House Down).
On se retrouve alors 3 ans plus tard avec une extrème droite décomplexée.
Ceux qui étaient indignés du patriotisme incessant et du message de pax americana de Independence Day, ne pourront que relativiser en regardant La Chute de Londres.
Si le précédent contait une attaque de la Corée du Nord sur le sol américain tellement surréaliste que cela relevait de la science fiction, La Chute de Londres lui mise de façon totalement déplacée, sur une menace beaucoup plus réelle: celle de terroristes djihadistes en Europe.
Le film ne dira jamais a voix haute qu'ils font partie de l'EI, mais quand on apprend que les dits terroristes sont "des citoyens britanniques partis en syrie pendant un an ou deux et revenus sur le territoire", pas la peine d'avoir un diplome de grand sorcier pour savoir qui ils sont censés représenter.
Le grand méchant du film, un espèce d'Oussama Ben Hitler, a cependant des motifs bien plus personnels.
Une frappe de drone américain le visant, a tué une bonne partie de sa famille.
Mais hé, c'est pas grave, parce que c'était un méchant qui lui même tuait des familles.
Du coup, grace à un plan machiavelique d'un enterrement de premier ministre, les chefs d'états joués par des caricatures de Merkel, Berlusconi ou Chirac, se font tous dessoudre par des images de synthèse produites en Bulgarie.
Tous sauf un: le président américain.
En effet, les américains eux ils sont pas comme ces connards d'Européens qui acceptent n'importe qui sur leur territoire, eux ils ont le nez creux.
Eux ils deplacent le planning d'arrivée.
Entre en scène, Gerard Butler, qui prend sa voix la plus grave, pour énoncer des vérités viriles telles que "Je vais renvoyer ton cul dans ton pays du Connardistan" ou "Ce que vous avez pas compris vous connards de terroristes, c'est que dans 1000 ans on sera toujours la, les Etats Unis d'Amerique".
Il défonce sans difficulté une rimbambelle de figurants à la peau bronzée, toujours dans des scènes sous éclairées et sans aucune clareté géographique.
Ca sent sans le moindre doute, la production sous budgetée qui aura dépensée tout son fric a rapatrier le cast du précédent et qui se retrouve à finir son film sur une scène d'action dans un chantier.
Autant dire que même votre dernier Steven Seagal a plus de "production value" que ca.
Les terroristes se font dégommer par Butler, le président finit sain et sauf.
Oussama Ben Hitler se fait exploser par une nouvelle frappe de drone, parce que finalement c'est bien quand tu as le coup de pot de viser juste.
Et Morgan Freeman vient te faire un discours pro interventionniste, parce que pourquoi pas.
On est en plein délire post Trump, ou les Britanniques sont evidemment des incompétents qui ont besoin des Américains pour les guider dans quoi que ce soit, et l'Amérique n'a jamais tort, même quand elle commet deux crimes de guerre dans le même film.
Reste qu'avec son lot de dialogue severement burné, le meilleur sort qui puisse rester à La Chute de Londres est de finir comme objet morbide de culte, au même titre que Delta Force ou American Ninja.
On se reverra sur Nanarland !