La Chute du faucon noir, c'est l'inévitable histoire patriotique de héros américains, filmée avec beaucoup de réalisme, de moyens, et de savoir faire, nécessité commerciale oblige. Face à nos héros, nous avons des méchants parfaits sur lesquels personne en occident ne s'attendrira: des djeun's (traduction de shebabs) salafistes fanatiques, bourrés de kat jusqu'aux yeux.
Présenter un film de guerre qui dirait autre chose au public américain serait voué à l'échec.
Par la voix de ses personnages, Ridley Scott se défend de toute intention politique. Mais si l'on veut bien regarder au-delà du courage et du sacrifice de ces héros, nous voyons l'histoire d'un échec. L'échec de nos démocraties déliquescentes qui veulent imposer leurs valeurs à des peuples qui ont d'autres valeurs bien enracinées. L'échec de l'ONU qui veut imposer la paix par la force à des gens qui veulent en découdre. L'échec de l'intégrisme démocratique!
Je ne crois pas à l'innocence de Ridley Scott. Ce n'est pas un naïf.
Depuis longtemps nos démocraties intolérantes essaient d'imposer les "valeurs universelles" qui sont les leurs. Pour ce faire, elles sont obligées de les trahir. Comment imposer la paix et la démocratie par la force? Comment distinguer les combattants des populations civiles lorsque toutes les minorités ont été éradiquées? Y-a-t-il encore des innocents?
Peu importe, nous avons des discours bien rodés et des expressions hypocrites comme "le devoir d'ingérence". Une sacrée foutaise que ce "devoir d'ingérence". Qui ira demander des comptes aux Etats Unis pour les violations des droits de l'homme dans leurs prisons spéciales comme Guantanamo? Qui ira s'immiscer militairement dans les affaires russes lorsqu'ils décident d'annexer un territoire? Qui contestera les déplacement de populations, les jugements expéditifs suivis d'exécutions en Chine? Qui ira demander des comptes au sujet de l'esclavage à certains pays producteurs de pétrole?
Ce "devoir d'ingérence" n'est que le droit du fort sur le faible.
Sauf que depuis "Camerone", nous savons qu'on ne peut rien imposer définitivement à un peuple qui refuse "notre aide". Depuis, nous ne cessons de prendre des baffes, mais nous y retournons. Les Etats Unis ont été bien servis depuis le Viet Nam, mais ils en redemandent.
Non seulement nos démocraties sont intolérantes, mais elles sont masochistes et autodestructrices.
Doit-on pour autant condamner toute forme d'interventionnisme? Personnellement, je ne le pense pas. Il me semble légitime d'assurer notre propre sécurité et celle des populations amies. Mais nous devons nous méfier de tout dogmatisme et des politiques idéologiques.