Sly le chauffard
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le 14 mai 2020
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Ma collection cinématographique SensCritique allant atteindre les 2000 films, j'ai donc décidé de regarder un film avec 2000 écrit dans le titre histoire de marquer le coup.
… Oui, c'est bien pour cette raison que j'ai décidé de regarder La Course à la mort de l'an 2000 (c'était soit ça, soit Fantasia 2000 de toute façon), ma vie est passionnante !
Le pire, c'est que le film ne me faisait vraiment pas envie. C'est une production Roger Corman : un argument déjà bien suffisant pour ne pas regarder un film. Aussi, comme tout le monde l'a remarqué, c'est kitsch ! Encore moins besoin d'épiloguer là-dessus, suffit de voir une image du film pour s'en convaincre.
Bref, j'y allais un peu à reculons, m'attendant à tomber sur un nanar comme Corman savait si bien les produire et… bah en fait, c'était pas si mal.
Déjà, le film assume son cynisme, son humour noir. C'est bourré de passages dans le genre : écraser des gens donnent des points ; on fout des vieux en plein milieu de la route, car c'est la « Journée de l'euthanasie » ; on interviewe une veuve en direct à la télévision, et on la récompense, car son mari est la première victime de l'un des participants ; une fan tente de se sacrifier afin de donner des points à son idole ; on accuse même les français de comploter contre l'État. En plus de ça, le film se permet de nous montrer des trucs un peu limite, genre des nazis qui participent à la course (avec des fans avec leurs jolis drapeaux Darty pour les encourager), une tête qui se fait écraser… on tue aussi un diacre (ici, les religieux assument servir un État totalitaire), pas le genre de trucs que les américains ont tendance à accepter facilement.
J'avais peur que le film vrille à donf anti-URSS, et même si c'est un peu le cas (ne serait-ce que pour prédominance du rouge ou l'existence d'un parti Unique), il se montre aussi très critique (et lucide) envers l'Amérique des années '70, et ce, jusqu'à la toute fin, toute aussi géniale que ridicule. Parmi les cinq équipes qui participent à la course, deux renvoient à des périodes particulièrement violentes du pays (le far west, la mafia des années '20), l'un à une sorte de fantasme hérité des colons (l'empire romain) et on peut très bien voir dans la présence de nazis le rapprochement qu'ont pu avoir les États-Unis avec l'Allemagne nazie ou certaines de ses personnalités, que ce soit avant ou après la Seconde Guerre mondiale.
Bon par contre, tout l'axe concernant la résistance est globalement raté. Prévisible en plus d'être ridicule. Même si je dois avouer que le coup du faux tunnel m'a quand même bien fait rire tant on se croirait dans un épisode des Looney Tunes ou des Fous du volant, et que le film, qui dure déjà moins d'1 h 20, aurait probablement juste frôlé l'heure sans eux.
Niveau casting, on retrouve David Carradine dans une tenue en similicuir qui donnerait presque envie de lui demander pourquoi il ne vient plus aux soirées (ça pourrait presque être drôle s'il n'était pas mort suite à une asphyxie érotique). On retrouve aussi Sylvester Stallone, tout juste un an avant Rocky. Preuve que La Course à la mort de l'an 2000 a été tourné avant : il perd à la bagarre contre David Carradine. Embauché par Corman suite à son visionnage des Main dans les poches, le monsieur s'est même permis de réécrire certains de ses dialogues. Bon après, vu qu'il en fait des caisses, pas étonnant qu'on ait un peu oublié cette œuvre dans sa filmo.
À noter qu'on retrouve Tak Fujimoto à la photo (La Folle Journée de Ferris Bueller, Philadelphia, Sixième Sens…) et Ben Burtt (celui derrière le son du sabre laser, mais aussi celui qui a eu l'horrible idée d'inclure le cri de Wilhem dans la plupart des films auxquels il participe)… même si on devine très vite que la production de Death Race 2000 s'est placé très tôt dans leur carrière tant le film ne brille ni pour son et encore moins pour sa photo.
Bon par contre, comme dit en intro de cette critique, ça fait kitsch, on sent que le budget n'a pas été des plus conséquents : entre 300.000 et 500.000 $ (soit entre 1,5 et 2,5 millions de $ actuels), très loin des 5 à 6 millions de Rollerball, sorti la même année. Du coup, j'en suis ressorti un peu mitigé. D'un côté, difficile de ne pas remarquer le map painting dégueulasse, difficile de prendre au sérieux les bagnoles… de l'autre, vu le budget, on aurait pu s'attendre à bien pire. De nombreuses scènes ont été tournées sur la voie publique et les voitures sont toutes des reprises de modèles existants (comme une Volkswagen Karmann Ghia ou Fiat 850 Spider…), recarrossées pour l'occasion, mais illégales pour la conduite (pas idéal quand on tourne sur la voie publique donc). Carradine et Stallone ont quant à eux dû réaliser la plupart de leurs cascades.
Je faisais la comparaison avec Rollerball plus haut, en fait, il faut savoir que Death Race 2000 est une réponse à l'annonce de la production de ce film. Roger Corman ayant acquis les droits d'une nouvelle, Le Pilote d'Ib Melchior (jamais lu, de toute façon, askip, le film ne respecte rien du matériau d'origine), afin de profiter du futur impact de Rollerball, ce qui explique pourquoi les deux films ont de nombreux points communs (pêlemêle la dystopie, un événement sportif ultra-violent, l'usage des médias et plus particulièrement de la télévision par le pouvoir…).
Le film m'a beaucoup fait penser au Prix du danger, sorti en 1983, ainsi qu'à son adaptation américaine officieuse beaucoup moins bonne, Running Man. Moins connu, j'ai retrouvé beaucoup de Death Race 2000 dans la BD Blue Arrow (rebaptisé Le Centaure mécanique par la suite) de Rodolphe et Didier Eberoni, publiée en deux parties dans les numéros 71 et 72 de Métal Hurlant en 1982 (republié dans le sixième numéro de la nouvelle version). La BD des deux bonhommes reprenant cette logique des courses se terminant plus ou moins de morts ainsi que le circuit prenant pour tracé un pays entier. La BD a par contre l'avantage d'assumer totalement le principe du pilote ayant perdu la plupart de ses membres, là où Death Race 2000 désamorce ça très vite de son côté afin de ne pas faire péter le budget maquillage et de ne pas déplaire à David Carradine.
Forcément, difficile de ne pas parler de Course à la mort de l'an 2000 sans évoquer les jeux vidéo. L'adaptation de 1976 pour commencer, développé par Exidy, premier jeu vidéo a véritablement avoir fait scandale aux États-Unis, pour ses gremlins à écraser (gremlins ressemblant étrangement bien à des êtres humains, le hasard sans doute). Mais forcément, c'est Carmageddon que l'on retiendra surtout, le titre développé par Stainless Software reprenant le concept d'écraser des êtres humains afin de pouvoir gagner la course. À noter qu'un projet de suite à Death Race 2000 étant déjà dans les tuyaux durant les années '90, SCi, l'éditeur, a un temps envisager de renommer le titre dans le but de coller à cet univers.
Bref, ce Death Race 2000 a donc vraiment été une bonne surprise, une sorte de version réaliste et adulte des Fous du volant. Kitsch et cheap certes, mais qui est loin de ne rien raconter d'intéressant, qui ne se contente pas d'être un nanar bête qu'on oubliera aussitôt après l'avoir vu. Une critique de la société grand spectacle et du voyeurisme sans que ça vire trop moralisateur de surcroit.
Dommage que le projet initial de Corman se voulait tout autant cynique que le film lui-même.
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Créée
le 18 oct. 2024
Critique lue 4 fois
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