Marécage & Wes Terne

Je savais que Wes Craven était capable de faire des mauvais films mais je découvre tardivement que le bougre pouvait aussi nous pondre de jolis petits nanars comme La Créature du Marais sorti en 1982 aux USA, l'un des derniers films qu'il me restait à découvrir dans la filmographie du papa de Freddy. Alors on pourra toujours me sortir les excuses combinées d'un esprit très comics et celui d'un hommage aux films de savants fous des années 50/6,0 rien n'excuse vraiment la nullité assez abyssale du bousin, même si je me suis bien marais.

La Créature du Marais nous raconte l'histoire d'une équipe scientifique qui travaille dans un bayou marécageux à l'élaboration d'un engrais miracle capable de résoudre la faim dans le monde. Le fameux produit est convoité par un méchant qui aidé d'un groupe de militaire tente de récupérer la fameuse formule quitte à tuer tout le monde y compris le scientifique en chef qui finit noyé dans le bayou avec une fiole de produit miracle. Les méchants vilains se mettent alors en quête du dernier témoin du massacre laquelle possède le dernier cahier contenant la formule, alors qu'une mystérieuse créature surgit des marais...

Outre l'aspect assez cinégénique de son décor La Créature du Marais est un film extrêmement pauvre cinématographiquement parlant. Jamais la mise en scène bien pépère de Wes Craven ne va venir magnifier les différentes strates qui viennent composer le récit dans sa globalité. Le film est un mélange de fantastique, de thriller, de romance et d'action mais dans aucun des registres Wes Craven ne va être vraiment convaincant. L'aspect fantastique manque d'aura et de mystère et rarement la fameuse créature du marais sera correctement exploité à l'écran. On passera sur l'aspect un peu cheap du costume de la créature pour surtout s'agacer de voir que jamais Wes Craven n'offre la possibilité à son monstre de vraiment exister à l'écran en le filmant souvent de manière frontale et maladroite. L'un des rare plan qui fait son petit effet c'est quand on voit la créature en arrière plan dans les marais brumeux en train de beugler " BeuarghHHHHH !" pour effrayer les oiseaux. Pour le reste le film multiplie les fausse bonnes idées et plutôt que d'avoir une figure tragique et romantique de monstre charismatique et amoureux on se retrouve avec un type dans une combinaison de plongé vermoulue et mal ajusté, les contours des yeux peint à la gouache verte et qui joue au Hulk des marécages. Le pire c'est peut être encore lorsque il fait des blagues en ricanant des ses propres traits d'humour. Il suffit de voir comment Wes Craven joue sur un registre langoureux de romance rococo et crétine entre la créature et sa dulcinée (Adrienne Barbeau) avec flou artistique, musique sirupeuse et sourires niais pour comprendre que l'on est très très loin des grandes figures de l'épouvante romantique. Les scènes d'actions sont elles aussi assez cheapos, il faut dire que le groupe de militaires emmené par David Hess qui cabotine en Rambo du bayou n'incite pas à la crédibilité de la mission. Vous vous souvenez des gros bras et de la testostérone des militaires de Predator et bien là c'est presque pareil sauf que pour traquer la créature on a juste l'impression qu'ils ont débauché une joyeuse bande de chasseurs à la poule d'eau qui se sont foutus deux trois branches d'arbres sur la tête en guise de camouflage et auxquels on a donné des mitraillettes en plastique pour faire joujou tout en magnifiant leur virilité hésitante.

Si La créature du Marais est peut être le plus mauvais film de Wes Craven c'est sans doute également celui qui m'aura le plus fait rire. J'adore par exemple le catalogue d'effets de montage super ringards comme si un débutant explorait toutes les transitions possibles de son nouveau logiciel de montage type Windows Movie Maker. Difficile aussi de ne pas avoir un large sourire lorsque l'on découvre David Hess grimaçant qui sort de derrière un arbre en se la jouant Rambo avec son bandeau dans les cheveux. Il y-a aussi un type qui se noie en tirant des feux d'artifices, un gros chauve qui se transforme en nabot avec des grandes oreilles, un méchant qui change de visage comme dans un Scooby-doo et des vilains qui sont régulièrement projetés dans les airs. Mais le top du top reste l'apparition d'un craignos monster qui ressemble à un crocodile en carton avec des yeux jaunes et une crinière rousse hirsute comme si Yvette Horner avait passé tout un tour de France la tête coincée hors de la voiture balais. Une sorte de crocolion super ringard et tout pourri qui va se battre contre notre créature du marais dans un affrontement digne des pires Kaïju Eiga afin de savoir qui est le moins charismatique des deux. Et même si bien sûr le film n'est pas complètement dupe de sa bêtise et que son humour n'est pas toujours involontaire, La créature du Marais reste tout de même un savoureux ratage. Seule petite éclaircie, pour peu que l'on regarde la version européenne du film, on appréciera une séquence totalement gratuite montrant les beaux boobs de Barbeau qui barbote béatement dans l'eau.

La petite histoire raconte que c'est sur ce tournage que Wes Craven aurait commencé à réfléchir à une histoire de tueur pouvant interagir dans les rêves de ses victimes. Entre les seins de Barbeau et les prémices des Griffes de La nuit, Wes Craven n'aura pas totalement perdu son temps avec La Créature du Marais.

Ma Note Nanar : 06/10