Tout premier long métrage de Brisseau, tourné en Super 8, et jamais sorti en salle, La Croisée des Chemins est un film qui mêle un flagrant amateurisme à des fulgurances de cinéma très fortes. Ce qui est le plus étonnant c'est de voir que tous les thèmes de Brisseau sont déjà omniprésents, en train de se définir mais pourtant déjà là. Soit un couple de deux jeunes filles, l'une vivante, l'autre morte, son fantôme donc, des scènes de nymphettes dénudées sur fond de contestation sociale et politique forte, un rapport au père semi-incestueux, joué bien sûr par le metteur en scène et un film qui se finit sur un suicide, tout ça sur fond permanent de la musique du Mépris de Godard dont Brisseau est un adorateur. Voilà, quelque part entre un Robert Bresson et un Jean Rollin, voici Jean-Claude Brisseau. Il fera bien sûr beaucoup mieux ensuite, mais ce premier opus est super intéressant, malgré ses nombreuses faiblesses, si l'on considère l'oeuvre dans son ensemble.