La Daronne a pour unique intérêt la prestation de sa comédienne principale, encore une fois impeccable quoique son jeu s’avère parfois mal dirigé – le début du film au poste de police, la visite du musée d’Histoire Naturelle – ou perçu comme tel en raison du montage épileptique qui multiplie les petits bouts de scènes insignifiants. Isabelle Huppert charme de bout en bout, émeut lorsqu’elle rend visite à sa mère, fait sourire quand elle sort du taxi habillée en « daronne », prouve – mais fallait-il le prouver encore ? – qu’elle est une immense actrice. Son personnage s’avère suffisamment original pour ne jamais perdre de sa surprise ni de son mystère, tour à tour très proche et insaisissable. Patience, comme Huppert, semblent là et absentes, comme tendues vers un ailleurs ou un avant qui seraient ce ciel allumé de feux d’artifice, ce ciel de photographie qu’il faut racheter à l’artiste qui a pris le cliché et détient donc l’âge d’or de la jeune femme.


Néanmoins, si l’actrice est grande, le film, lui, est mineur. La première demi-heure peine à installer une intrigue qui s’enlise dans un récit des origines censé expliquer le comportement à venir du personnage de Patience ; nous voilà retombés au temps du déterminisme fin de siècle : née dans une famille de voleurs, tu seras voleuse, ma fille. Et la trajectoire qu’emprunte le long métrage, en refusant de condamner ou même de démasquer la dealeuse, finit par défendre platement une thèse sans jamais faire de cinéma. La réalisation frappe d’entrée de jeu par son approximation : d’un style voulu brutal, comme capté dans l’immédiat, elle ne cesse de manquer ce qu’elle vise, de buter, de se rattraper par un montage qui agence mal les morceaux d’un puzzle sans forme aucune. Cet amateurisme se lève peu à peu, disparaît lors d’une séquence de traque haletante dans les rues parisiennes. Il est dommage que Jean-Paul Salomé ne pense pas sa forme par le prisme du mutable, de la transformation, à l’instar de son personnage principal qui, lui, sait se parer au bon moment.


Manque à La Daronne un souffle, manque à La Daronne une vision du comique – le film amuse mais ne fait jamais rire – qui seuls auraient consacré Isabelle Huppert reine de la comédie. Ce sera pour une prochaine fois.

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le 9 sept. 2020

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