Étonnant. Étonnant qu'il n'y ait pas une seule critique sur un film aussi intense. Étonnant qu'il y ait si peu de notes, et une moyenne aussi basse. Quand on voit que des films d'animation japonais comme "Le voyage de Chihiro" sont classés parmi les meilleurs de cette catégorie par des adultes, et que celui-ci n'y est même pas présent, je me demande parfois si l'on vit dans le même monde. En fait, les gens fuient les sentiments forts autres que l'amour et le bonheur personnel. Anecdote d'une sale époque. Bon, on va pas épiloguer non plus.

Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce film. C'est une bombe psychologique, le genre qui t' explose dessus sans crier gare et lorsque l'on se relève de ses cendres, on en ressort grandi et on en redemande. L'anime est tiré du roman éponyme "Ningen Shikkaku" de Osamu Dasai, un auteur japonais réputé pour son style particulier (checkez wikipedia pour plus de renseignements, cela reste très intéressant).

De quoi ça parle? Un jeune artiste raté, issu d'une famille noble, incapable de vivre indépendamment des autres comme ses congénères, rejeté et perdu dans une société japonaise au gouffre de la seconde guerre mondiale. C'est tout. C'est suffisant. Tellement intense psychologiquement que je pense qu'on peut vraiment tomber en dépression après visionnage. Pas triste. Réaliste. Très très riche intellectuellement et philosophiquement parlant. Yôzo (alias le protagoniste), c'est moi, c'est nous, les bipolaires, les dépressifs, les étudiants ratés, les jeunes qui ont perdu le sens du mot futur, les artistes dénigrés, les adultes perdus, fauchés, désespérés, les erreurs de la nature.
Vous connaissez Lebowski, le parasite feignant du film à son nom? Le cowboy du film disait "Je ne sais pas vous, mais moi ça me fait du bien de savoir qu'il existe". J'en pense pareil de Yôzo, et se reconnaitre voire glorifier sa personnalité n'a rien de honteux, je dirai même que c'est une fierté. Enfin presque

Pour qui le film est adressé? Certainement pas pour les enfants, ni même pour les adolescents. Pour une partie des adultes, celle qui ne stagne pas dans l'immaturité, les jeunes hommes et jeunes femmes conscient(e)s de ce qui les entoure, qui ont enlevé le bandeau que l'on nous pose sur les yeux pour nous forcer à marcher dans la direction voulue par les conventions sociales, n'ont pas des paillettes dessus mais du plomb dans la tête. Pour les autres, cela ne sera qu'un film ennuyant avec un protagoniste débauché, une intrigue plate et sans aucun sens, une scarification que l'on ne devrait pas s'infliger. Je comprends, je vous respecte, mais je trouve cela dommage de penser comme cela.

Qu'en est-il de l'image et du son? Très joli tous deux, la production visuelle présente même des métaphores imagées et reste très abouti techniquement parlant, reproduisant parfaitement une société japonaise de la moitié du XXème siècle. Quand aux soundtrack, aucun n'est laissé au hasard, la corrélation entre image et son laisse même parfois pantois.

Au final? Nul besoin de mots pour vous dire qu'il faut absolument regarder une telle œuvre. Allez-y préparé, vous en ressortirez transcendé.
BlackLight
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le 23 déc. 2014

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BlackLight

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