Surtout Bourré de Défauts

Petite exploration des bas fonds de la comédie franchouillarde des années 70 avec le très justement méconnu La Dernière Bourrée à Paris de Raoul André datant de 1973. Aussi incroyable que cela puisse paraître le film est une sorte d'hommage tordu au film Le Dernier Tango à Paris puisque la jeune héroïne du film fascinée et même hypnotisée par le film de Bertolucci décide de trouver son Marlon Brando pour vivre une passion charnelle et amoureuse digne du grand écran.

La Dernière Bourrée à Paris est une comédie gentiment érotique qui joue sur un registre de pur vaudeville avec des tas de gens qui couchent ensemble en croyant coucher avec un autre le tout autour d'un appartement en location aussi visité qu'un hall de gare. La jeune fille interprétée par la ravissante Patricia Lesieur tombe donc amoureuse d'un bel italien (Tony Kendall) patron au bord de la faillite d'une entreprise de produits laitiers et de beurre ( Vous la voyez la délicate allusion au Dernier Tango à Paris) . Autour de cette vague trame scénaristique vont graviter des tas de personnages foutraques comme un patron de bistro restaurant interprété par Michel Galabru qui propose des couscous, des choucroutes et du cassoulet comme spécialités auvergnates tout en mettant systématiquement des mains au cul de ses clientes. On retrouve aussi Daniel Prévost en universitaire spécialiste de la bourrée auvergnate et adepte du casque à pointe lors de ses rapports intimes , Paul Préboist et son frère Jacques en plombiers libidineux, Micheline Dax en propriétaire nymphomane qui saute tout ce qui se présente dans son appartement et Francis Blanche en paysan auvergnat monté à Paris avec un veau afin de retrouver sa fille. Il faut aussi saluer le présence de la très jolie Marion Game qui fait feu de ses jolis atouts mammaires et d'Annie Cordy en psychanalyste qui fait des electro encéphalogrammes avec un casque en aluminium surmonté de bigoudis et de guirlandes de noël.

Au générique on pourra constater que les dialogues sont attribués à l'ensemble de la troupe ce qui laisse entrevoir que la plupart des dialogues ont été improvisés par les comédiens eux même sur le tournage. Forcément au jeu des bons mots c'est Francis Blanche qui s'en sort le mieux notamment lorsqu'il dit devoir poursuivre l'enquête de veau ce qui constitue pour moi la meilleure vanne du film c'est vous dire le niveau du reste. Car oui La Dernière Bourrée à Paris n'est jamais drôle peu importe le niveau par lequel on l'aborde , même avec le regard distancé au cinquantième degré de l'amateur de nanar le film n'est pas encore assez mal foutu pour être involontairement drôle.

Entre théâtre de boulevard, gaudriole franchouillarde régionaliste et tradition paillarde et grivoise La Dernière Bourrée à Paris n'est certainement pas un fleuron de la comédie française mais le film s'inscrit dans toutes cette vague de comédies hexagonales un peu affligeantes dans lesquels il est toujours bon de retrouver une époque oubliée et une sacrée galerie de personnages bien d'chez nous.