La Fabrique de petits cercueils par Zogarok
Deux marionnettes, rebaptisées parfois Punch et Judy en référence à la tradition britannique, se battent jusqu’à la mort pour un cochon d’inde indifférent à leur combat. La Fabrique de Petits Cercueils est une farce hystérique avec des éclats de violence, où la succession très rapide des plans, caractéristique de Svankmajer, atteint son paroxysme. Contrairement à celui du Dernier Truc, le duel est agrémenté par de nombreuses incrustions (souvent en papier) : galeries de visages, dessins en mouvement, extraits de journaux, mais aussi peinture légèrement décrépie de chérubins – dont la présence semble gratuite. Elle participe toutefois à un discours assez cynique quoique optimiste, où les innocents pris à partie peuvent courir le monde dès lors que ceux qui veulent parler en leur nom ou corriger leur destinée se sont entre-déchirés. Rakvickarna est plus ouvertement malsain et morbide que Le Dernier Truc ; mais toujours ravissant (les petits singes sarcastiques du début) et sensuel (pas forcément pour le meilleur). L’ensemble est fascinant, bien plus bizarre que Jeux de pierres, démarrant doucement avant de devenir explosif, presque désagréable en raison de son agressivité sans partage. Un des courts les plus improbables mais aussi délétères de son auteur : de l’animation slapstick, du gore sans la chair.