La Faute à Fidel ! par MisterPH
La faute à Fidel est le premier film de Julie Gavras, la fille de Costa, la soeur de Romain. C'est une adaptation du roman de Domitilla Calamai intitué Tutta colpa di Fidel.
Ce film est vu du point de vue d'Anna qui a neuf ans en 1970. Elle vit avec sa maman, journaliste chez Marie-Claire (interprétée par Julie Depardieu), son papa Fernando, avocat espagnol (interprété par l'italien Stefano Accorsi) et son petit frère François.
Anna aime bien les histoires de princesse, son école de bonnes sœurs et ses cours de catéchisme ainsi que ses beaux habits et sa nounou d'origine cubaine contrainte de fuir le régime de Castro. C'est une petite-fille assez normale de 1970.
Un jour, sa tante espagnole arrive en France avec sa cousine, son père a dû les faire sortir en cachette car le mari de sa tante, l'oncle Quino est mort. Suite à cet événement qu'elle ne comprend pas, la vie d'Anna va être bouleversée. Son père décide de changer de travail, ils doivent se séparer de la jolie maison et du jardin pour habiter un petit appartement en ville. Anna doit alors dire au revoir à sa nounou cubaine, sans comprendre pourquoi. Quand elle lui demande, elle lui dit que c'est à cause de Fidel, des rouges et des barbudos qui veulent la guerre nucléaire.
Anna trouve toujours des tas de gens barbus chez elle qui discutent avec ses parents et on lui interdit de lire ce fasciste de Mickey. Anna soupçonne de plus en plus ses parents d'être devenus des communistes, type de personnes qu'elle a du mal à définir et dont sa grand-mère, châtelaine bordelaise, a une définition toute particulière. Anna entre alors en rébellion et essaie de comprendre ce qu'il se passe autour d'elle. Finalement, elle se rendra compte que ces hommes barbus ne sont pas si méchant, mêmes s'ils n'arrêtent pas de discuter et ne sont pas très fort au jeu de la marchande.
Ce qu'Anna ne comprends pas, le film nous le révèle quand même. Son père, issu d'une famille franquiste, s'était tenu tranquille en France et c'est à la mort de son beau-frère que, pris de remords, il a voulu essayé de faire quelque chose pour changer les choses s'éprenant alors du Chili de Salvador Allende.
Le père d'Anna essaie du lui apprendre ce qu'est "l'esprit de groupe" en l'emmenant manifester avec lui. Essayant de comprendre, à l'école, quand toutes ses camarades lèvent la main pour une réponse qu'elle sait fausse, elle la lève aussi, croyant être empreinte de l'esprit de groupe. Déboussolée, elle demande alors une explication à son père qui lui dit qu'elle a confondu l'esprit de groupe et l'esprit de mouton. Anna, perdue, lui demande innocemment : Mais toi, quand tu fais quelque chose, comment tu peux être sûr que c'est l'esprit de groupe ou l'esprit de mouton ? Question embarrassante.
Un film plein de drôlerie sur le thème de l'enfance, sûrement pour partie autobiographique. Un regard drôle sur la société de cette époque, décalé par rapport à ce que l'on voit d'habitude. Il est intéressant d'avoir ce point de vue d'une enfant qui vit les choses sans les comprendre vraiment, ce qui donne un regard neuf sur cette époque. Un bon petit premier film, qui repose pour beaucoup sur la prestation de la jeune actrice qui interprète avec beaucoup talent la jeune Anna jouée par la jeune Nina Kervel.
Julie Depardieu à propos du film :
" La première chose qui m'a séduite dans le scénario, c'est cette petite fille perdue, qui se cramponne autant qu'elle le peut à son confort. La révolution, la politique, les rêves de liberté, elle n'en a rien à faire. Ses parents vivent leur révolution mais elle ne les comprend pas et se révolte. Ce qu'elle veut, elle, c'est ne plus changer de nounou et ne plus voir sa maison rétrécir ! Elle pourrait être considérée comme une égoïste ou une réactionnaire, mais elle est simplement bouleversante. Son histoire est à contre-courant des bons sentiments en vogue, et le film n'en est que beaucoup plus authentique et sincère. Rien que pour cela, le projet en valait déjà la peine."