La Femme aux miracles par Maqroll

Un pathos sentimentalo-religieux, dont le propos rappelle plus d’une fois celui du magnifique Elmer Gantry de Richard Brooks. Après un début plus qu’honorable où une étincelante fille de pasteur incendie les ouailles qui ont laissé son père mourir de chagrin, l’intrigue englobe un personnage d’aveugle de guerre pas très crédible et aboutit à une fin conventionnelle complètement tirée par les cheveux… Le sujet est celui de la foi « aveugle » exploitée trop facilement par des escrocs sans scrupule avec le concours de quelques croyants honnêtes mais bien naïfs. Hélas, contrairement à Richard Brooks (qui pouvait compter au départ sur le support d’un roman prodigieux de Sinclair Lewis), Capra se perd trop souvent dans son propos qui devient même par moments carrément confus, notamment au niveau de sa position sur la foi religieuse. Au rayon des satisfactions, on peut noter sa mise en scène fluide et précise et surtout la présence charismatique de Barbara Stanwyck, alors au faîte de sa gloire et de sa beauté, dont on n’a aucun mal à croire qu’elle puisse entraîner des milliers de fidèles dans son sillage… Par contre, David Manners est mal à l’aise dans un rôle trop grand pour lui, que Gary Cooper aurait sans doute magnifié… Mais, répétons-le, il manque surtout à ce film un scénario digne de ce nom pour que Capra y trouve sa mesure, celle qu’il va déployer quelques années plus tard, à partir de New York – Miami.