Quand on rencontre LA femme...
La femme défendue est un film surprenant. L'ayant vu par hasard, j'ai été tout d'abord accroché par le jeu d'Isabelle Carré, ses minauderies, ses sourires... Si bien que j'ai mis près de dix minutes à me rendre compte que tout était tourné en caméra subjective.
De cette histoire d'adultère qui commence de façon banale et se finit de façon tout aussi prévisible, on retiendra surtout les fluctuations dans les rapports de force qui sont à la fois réalistes et bien amenées, et la performance incroyable d'Isabelle Carré qui a elle seule tient tout le film sur ses frêles épaules. Et ce n'est pas peu dire : elle occupe l'écran 80% du temps sans jamais lasser le spectateur. Ce qui aurait pu n'être qu'une expérimentation amusante (hey, la caméra c'est moi!) sur un sujet déjà largement exploré par le cinéma français devient très vite un bel objet cinématographique auquel on s'attache, tout comme le héros s'attache à cette chipie.
A la fin du film, l'immersion a pris, et on s'est presque épris d'Isabelle... Ou alors, est ce le film qui a fait écho en moi en évoquant le trouble dans lequel une ancienne passion a plongé mon coeur ? Je dirais que pour apprécier ce film, une certaine maturité émotionnelle est requise, sinon cela pourrait très bien ne rien faire résonner au sein du spectateur.
Le seul vrai défaut de ce film : la voix de Philippe Harel. Son ton un peu trop désinvolte, ses petits tics de langage (les voyelles qui partent en vrille à la fin des mots) sont parfois pénible à entendre.
Pour le reste, vraiment un excellent film, et une caméra subjective parfaitement maîtrisée.
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