La Femme du gardien de zoo a certes tous les défauts de la reconstitution historique, mais réussit à les dépasser par l’attachement qu’il manifeste à son personnage éponyme et à ce qu’il représente : l’héroïsme révélé par un contexte politique marqué par le déchaînement de forces maléfiques. Le parc zoologique devient le laboratoire d’analyse et d’observation dans lequel se décante une humanité à plusieurs visages, faite de bravoure et de lâcheté, d’amour et de haine. Et ce que réussit fort bien la réalisatrice Niki Caro, au sein d’une œuvre parfois plan-plan, c’est à accroître petit à petit le sentiment d’abandon des Nazis, comme prisonniers dans la cage d’un zoo qu’ils ont eux-mêmes annexé et vidé de ses animaux. Le sous-sol des Zabinska se transforme en conservatoire d’une vie préservée et réglée par les morceaux de piano, un lieu de liberté et d’espérance au sein d’un Enfer qui ne parvient pas à anéantir les valeurs les plus nobles et essentielles de l’homme. Jessica Chastain est parfaite dans le rôle-titre, trouve en Daniel Brühl un adversaire aussi séduisant que monstrueux. Car c’est de monstre dont il est question ici, de ce que l’on montre du doigt dans un zoo ou ailleurs ; pas d’animaux à proprement parler – ils ont pris la fuite ou se sont fait tuer –, mais du monstre humain qui forge autour de lui les barreaux de sa propre prison de solitude.