Assez bien mis en scène, The Leech Woman enrichit peu le répertoire des créatures fantastiques du studio Universal, avec la monstruosité morale d’une femme alcoolique qui mute en monstruosité physique : son vice est traité par physiognomonie puisque le personnage est rapproché d’un animal – ici, la sangsue – avec lequel il partage une caractérisation péjorative. Dès lors, le propos a priori solidaire des femmes, que disqualifient une troupe d’hommes au regard d’un culte de la jeunesse éternelle, n’est qu’une apparence pour punir celles-ci encore et encore, pire pour aborder la métamorphose, empruntée à Dr. Jekyll and Mr. Hyde, comme une malédiction prononcée par une ancienne esclave qui aggravera le mal dont elle s’est rendue coupable. Nous ne pouvons que déplorer une telle complaisance dans le traitement, d’autant qu’il se subordonne à un pittoresque de mauvais goût qui réduit les Africains à des sauvages dignes des premiers films Tarzan. L’addiction à la poudre, remède prétendument miraculeux, est traitée à la manière d’une toxicomanie, sans interroger la culpabilité masculine pourtant à l’origine de cette discréditation de l’âge avancé. L’avant-dernier plan illustre le rassemblement des enquêteurs masculins rendus spectateurs de la défenestration de la créature féminine avec un décomplexion et une solidarité dégoûtantes.