À la fin des années 40 le cinéma scandinave et en particulier le suédois connurent une renaissance, deux des éléments fers-de-lance de cette réapparition étaient le vétéran Gustaf Molander (à la mise en scène de ce film) et le jeune Ingmar Bergman (à l'écriture). Pourtant La Femme sans visage n'a pas franchement une identité purement nordique, au contraire ce film en dehors de deux ou trois points précis s'aligne sur le cinéma américain, le film noir même. En effet avec cette histoire d'adultère entre une femme-fatale (mais en réalité fragile car sans doute abusée dans sa jeunesse) et un père de famille jaloux, le scénario se réfère clairement à de nombreuses réalisations américaines contemporaines à celle-ci, il suffirait juste de situer l'action aux États-Unis et de remplacer les comédiens par Barbara Stanwyck et Joseph Cotten ! La petite différence vient cependant d'une certaine liberté de ton, de langage qu'il n'y aurait pas dans une production hollywoodienne. La dernière demi-heure est moins intéressante car ne parvient pas vraiment à conclure judicieusement cette romance fatale.