Choc des cultures dans l'agriculture

Dire que La Ferme se rebelle est le meilleur Disney serait mentir, tant le scénario se contente du strict minimum, tant le graphisme s’avère dépouillé et assez plat. Pourtant quelque chose vibre. Cette vieille femme expulsée de sa ferme nous émeut un temps, et nous pouvons d’ailleurs la voir comme le dernier bastion d’une tradition dans l’animation Disney avant le tsunami numérique. Car La Ferme se rebelle est l’ultime œuvre animée à la main et s’amuse à déjouer les conventions d’un récit « princesse » : les héroïnes sont des vaches au caractère assez loufoque – l’une d’entre elles figure la caricature d’une philosophe-psychanalyste – qui rencontrent des personnages aussi déments qu’elles : un hors-la-loi aux vocalisations tout autant insoutenables que fascinantes, ses acolytes ridicules, ce Jolly Jumper qui rêve d’exploits chevaleresques, les deux taureaux play-boys ou encore le bison videur d’une grotte de nuit. Alors oui c’est barjo. Mais l’ensemble divertit au gré d’une musique entraînante signée Alan Menken. Le film donne l’impression d’un dernier tour de piste avant la fermeture, un tour qui constituerait le chant du cygne d’un passé révolu mais qui déciderait d’en réduire le canevas au strict minimum : une aventure burlesque aux paysages volontairement vides. Épurer les ciels animés pour confronter le spectateur au blanc d’une page de dessin, amoindrir l’ornement de sorte à réinsérer au centre de l’attention des personnages hauts en couleurs. De ne pas être un modèle de rigueur ou d’inventivité, La Ferme se rebelle s’en moque. Simplement rejouer, en mode mineur, une tradition jadis nouvelle vague animée devenue entre-temps « nouvelle vache ». Yodel-Adle-Eedle-Idle-Oo !