Depuis le temps que Jean Rollin réalise des films sur les vampires avec une obsession presque maladive il fallait bien qu'un jour il se frotte au mythe de son plus illustre représentant le conte Dracula . Il aura donc fallut attendre plus de tente ans après Le viol du vampire pour que en 2000 à travers l'un de ses tout dernier film Jean Rollin se fasse enfin Dracula (Lequel n'avait sans doute rien demandé)...
La fiancée de Dracula raconte l'histoire de deux enquêteurs paranormaux qui tente d'empêcher les futures noces entre Isabelle et le prince des vampires protégé par l'ordre secret des parallèles et soutenu plus ou moins volontairement par les religieuses de l'ordre de la vierge blanche.
La fiancée de Dracula est une nouvelle fois du pur Jean Rollin avec tout ce que l'on aime (ou que l'on déteste) avec son lot de pierres tombales, de vampires , de femmes nues, de plages perdues, de carcasses de bateaux, de vieilles pierres, d'horloges, de citations littéraires, de dialogues ampoulés et de comédiens qui jouent faux mais avec tellement de véracité. Un film dans lequel Jean Rollin cite et récite ses références de Bunuel à Harry Dickson en passant par la littérature fantastique et jusqu'à ses propres films puisque fatalement l'on est jamais aussi bien servi que par soit même. Le film mettant en images de nombreux personnages appartenant à un univers étrange et parallèle (dont Jean Rollin doit faire assurément parti) on a droit dans La fiancée de Dracula à une sacrée galerie de caractères azimutés issus de la mythologie fantastique et du conte. Même si je suis un poil déçu de ne pas retrouver de clowns comme dans Les démoniaques on aura tout à loisir de faire connaissance avec le nain Triboulet en costume de bouffon, une ogresse qui mange des nourrissons vivants, une femme vampire (bon ça on a l'habitude), des vieux époux sorciers, une reine de sabbat interprétée par une Brigitte Lahaie à cheval, un vieux médium hypnotiseur en guise de Van Helsing, un jeune premier chevelu et surtout une galerie de nonnes contaminées par la folie qui sont souvent à hurler de rire. Comme tout les personnages sont servis par des interprétations assez approximatives ( à deux trois exceptions) et qu'ils récitent leurs dialogues sur un ton théâtral déclamatoire assez insupportables le film prête souvent à sourire voir à rire franchement. D'ailleurs je pense que pour une fois Jean Rollin n'est pas dupe du caractère comique de certains aspect de son film comme cette religieuse qui se met un entonnoir sur la tête ou cette autre nonne au bilboquet qui en fait vraiment des caisses sur le registre de la folie avec grimaces et tics frénétiques de clignements de paupières. Une fois encore Jean rollin flirte avec le nanar pur jus et personnellement c'est aussi pour ça que je l'aime.
Le fiancée de Dracula possède également quelques atouts comme son côté anticlérical très inspiré de Bunuel qui fait que Rollin s'amuse beaucoup de l'imagerie religieuse avec christ briquet clignotant et musical, vitraux représentant des scènes de cul et un tableau sur lequel on pourra lire “ni dieu ni maître”. On retrouve également cette poésie si caractéristique à l'univers de Jean Rollin notamment dans un dernier très joli plan de cette vielle femme assise sur une chaise en bord de mer alors qu'une jeune fille joue au violon la musique du film (plutôt réussie par ailleurs)
La fiancée de Dracula est un donc Rollin un peu étrange et décalé au sein d'une filmographie qui l'est déjà pas mal. Entre la poésie fantastique et la comédie limite burlesque le film a parfois du mal à trouver son identité à part celle bien sûr d'être un film de Jean Rollin ce qui est déjà un genre en soit.
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