Samantha Blake est une styliste qui espionne le travail des grands couturiers pour concevoir des reproductions non officielles et les vendre à meilleur prix. Son patron, et père spirituel, l'invite à l'accompagner avec son autre assistante à Paris la romantique, capitale de la mode et de l'amour. Dans le même temps Steve Sherman, un journaliste trempant plus souvent sa plume qu'il ne l'utilise pour décrire les évènements sportifs qu'il est censé couvrir, est envoyé dans la même ville par son boss afin de l'éloigner de sa jeune épouse avec qui il n'a pas manqué de faire connaissance. Quand Steve rencontre Samantha pour la première fois, elle attend son tour devant les toilettes des hommes dans l'avion qui les amène en France. Elle est alors hautaine, garçon manqué (le visage caché derrière des lunettes de soleil) et bien installée sur les rails du célibat éternel et ne manque pas d'éteindre les ardeurs du journaliste feu follet. La seconde fois qu'il a voit, cet amateur de chair devant l'éternel a déjà goûté aux plaisirs de la gastronomie française et ne la reconnaît pas, ce qui n'est pas son cas à elle. Il s'imagine en effet avoir à faire à une poule de luxe comme la perruque blonde platine, les extensions ciliaires et le fume cigarette laisse le présager. C'est que Samantha, voyez-vous, en a finalement assez du célibat et décide, tant sur un coup de tête que sur les conseils de Sainte Catherine, de quitter le club des "jeunes filles à marier de plus de vingt-cinq ans". D'où cet accoutrement ridicule. Sans suivra une longue opération de séduction entre les deux ressortissants d'Amour.
La complicité énergique et communicative du couple Woodward-Newman vaut à elle seule le détour. Le miroir qui me renvoyait un reflet terne et froid de l'actrice s'est brisé. Je ne l'avais vu que dans The Long, Hot Summer et The Drowning Pool et force est de constater que mon jugement était erroné. Je m'étais d'ailleurs longtemps demandé ce que Paul "King Cool" Newman avait pu lui trouver sur les bancs de l'Actor Studio, malgré sa beauté évidente (dont un visage à couper le souffle). Il aura donc fallu attendre ce film pour avoir ma réponse : elle est en réalité pleine d'entrain, de charme et d'humour (elle est excessivement drôle, il faut le dire). Le film lui doit et lui ressemble d'ailleurs beaucoup : il est fantasque, drôle et enlevé.
Le film parle, sur le ton de la comédie, de la rencontre amoureuse de deux âmes, une collectionneuse de conquêtes et l'autre fuyante. Steve Sherman (Paul Newman) était en effet un homme qui jusque là voyait les femmes ou comme des garçons manqués à taquiner ou comme des pépettes à embobiner et Samantha (Joanne Woodward) une femme déçue par l'amour qui s'était promise de le laisser aux autres. Mais tous les deux poursuivaient sans se l'avouer le même but, tomber amoureux. Pas de marshmallow dégoulinant de niaiserie et parfumé à l'eau de rose pour autant mais au contraire une amusante et savoureuse relecture du début de la Dame aux camélias de Dumas avec Woodward dans le rôle de Marguerite Gautier (la tuberculose en moins) et Newman dans celui d'Armand Duval qui s'entichent l'un de l'autre sur fond de compétition sportive.